Il est extrêmement fastidieux d'aborder le sujet de l'enseignement en milieu ZEP au jour d'aujourd'hui. Car, tout d'abord, c'est un sujet brûlant d'actualité, et puis et surtout, c'est un sujet pour lequel personne ne semble s'accorder.
Mon expérience de pion dans ce milieu m'a aidé à appréhender davantage le film, et à justement l'attendre au tournant. Au niveau de son positionnement et de sa manière de représenter les différents corps concernés (le triangle profs-élèves-parents).

Car il est adapté d'un ouvrage directement inspiré du vécu d'un ancien professeur, le film part déjà avec un avantage. Avantage qui néanmoins pourrait aussi se révéler être un inconvénient, puisque il est lié au point de vue d'une seule des triparties précédemment nommées. Mais Bégaudeau tend à justement tirer un constat, plus qu'à incriminer telle ou telle partie. Il met bien en avant la responsabilité de tous, autant celles du corps professoral que celui des élèves et de leurs parents.
Néanmoins, et c'est pour moi, la force du film, personne n'est réellement pointer du doigt. Aucune condescendance n'est faite, ni même aucun jugement de valeur. Le film tend davantage à démontrer l'énorme gouffre qu'il y a entre les parties élèves et enseignants. A quel point ce gouffre décourage autant les deux parties. De plus il met en avant la difficulté pour les familles de banlieues à suivre la scolarité de leurs enfants (barrière de la langue, pas à la maison...).

Le film de Cantet est ultra-réaliste, il ne fait pas dans la dentelle, la fioriture ou le bon sentiment. Il parle de son sujet avec authenticité, et ne prend jamais position. Il montre les difficultés de ces triparties face à l'abandon d'un système, qui n'arrive jamais à trouver une issue qui leur serait favorable.
Au final, le film se révèle d'une infinie douceur, car même si parfois violences verbales et physiques font apparition, il n'en demeure pas moins, que nous restons tous, profs, élèves, et parents, des êtres humains, qui, avec leurs petits moyens, espèrent aller jusqu'au bout.
Elessar
9
Écrit par

Créée

le 6 mai 2013

Critique lue 479 fois

2 j'aime

Elessar

Écrit par

Critique lue 479 fois

2

D'autres avis sur Entre les murs

Entre les murs
Jben
4

L'observatoire pour bobos

L'année dernière, Entre les Murs de Laurent Cantet se voyait décerner la palme d'or de la main du jury présidé par Sean Penn au Festival de Cannes. Il n'en fallait pas plus pour que la presse...

Par

le 5 juil. 2011

50 j'aime

14

Entre les murs
Grard-Rocher
8

Critique de Entre les murs par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Critique éditée le 25 avril 2024.François à la lourde tâche d'être professeur de français d'une classe de quatrième très difficile dans un collège parisien classé en ZEP. Durant les neufs mois de...

44 j'aime

31

Entre les murs
Behind_the_Mask
2

L'effondrement d'un système

Entre les Murs est effroyable. Un des films d'horreur les plus efficaces jamais vus. A tous les niveaux. Si Laurent Cantet se réclame du réalisme et s'en fait le chantre, au fur et à mesure que le...

le 9 sept. 2015

43 j'aime

28

Du même critique

Love Songs for Robots
Elessar
9

N'oubliez pas de fermer les yeux

Le premier qualificatif qui nous vient lorsqu'on a achevé la première écoute de cet album c'est "magnifique". Pourquoi magnifique ? Tout d'abord Patrick Watson, c'est toujours extrêmement beau, très...

le 30 mai 2015

6 j'aime

Different Pulses
Elessar
10

Ne cherchez plus, on a trouvé The Voice !

Mêlez savoureusement une voix unique, à un être à fleur de peau, à un sens inné de la musique, ainsi qu'à un univers parfaitement défini et nous obtenons : Une pépite. Un album comme on en croise un...

le 6 févr. 2013

5 j'aime

August Rush
Elessar
4

Music connecting people !

J'avais été prévenu, au préalable, du gros pathos dégagé par le film. Donc bon, je n'ai pas été surpris par cette fin, pour le coup, VRAIMENT pénible, tant elle en est ridicule. Mais pourquoi 4, me...

le 13 mai 2012

5 j'aime