oct 2009:

Barbara Schulz et Jean-Pierre Darroussin, voici les deux bonnes raisons qui m'ont incité à voir ce film. Des oui-dire négatifs m'avaient quelque peu refroidi et je crois avoir eu raison d'en faire fi car, sans être un grand film, il a quelques éléments à faire valoir. Au premier rang desquels on pourrait placer la distribution, d'autant plus que le scénario investit sur une pléthore de rôles secondaires et de petites participations qui offrent à toutes les générations du cinéma français actuel de belles opportunités de faire la démonstraiton de leur talent. Le trombinoscope du film est une longue tirade où se cotoient des têtes familières qu'on avait pas vues depuis belle lurette jusqu'à celles que l'on revoit régulièrement depuis quelques années en passant par celles qui pourraient fort bien avoir un avenir prolifique.

L'histoire est un conte moral satirique, avec ce que cela implique de naïveté dans le discours mais également d'exagération dans la caractérisation des personnages : les banquiers et les patrons sont tous des salopards aussi vils et cyniques que des gangsters sans foi ni loi pendant que les petites gens sont aimables et sympathiques.

Sur un tempo assez lent, cette comédie de moeurs s'offre quelques séquences burlesques. On les compte sur les doigts de la main. Par exemple, cette opération chirurgicale monty pythonesque. Mais le film reste relativement réaliste en raison de l'intrigue quasi policière qui sert de prétexte aux scénaristes pour infiltrer le milieu de la haute finance, vu d'en haut et d'en bas, afin d'offrir un parallèle plein de contrastes et sans doute d'enseignements. Ces derniers, vous vous en doutez, sont limités à un portrait peu flatteur du monde de la banque et des boursicoteurs.

Ce n'est pas là qu'on trouvera matière à sourire mais bien plus dans les différents personnages et les très bons acteurs qui les jouent. Par bien de ses aspects formels, le film m'a fait penser à ces comédies françaises gentillettes de l'après-guerre destinées uniquement à divertir le plus large public, sans trop argumenter. Ces films étaient plus des radeaux qui flottaient et se contentaient de subir le courant que des barques navigables ayant une destination bien précise. On a le sentiment que ce film-là suit également le même cours, tranquille, que l'aspect sommaire et même très banal du scénario favorise des espaces d'expression à la floppée de comédiens. Un film "cour de récré" où tout ce petit monde s'amuse, sans faire de mal à personne, en n'ayant d'autre ambition que de faire sourire.

Et bien souvent ce genre de petite production, peu importante, transparente, se trouve très révélatrice de son époque. Celle-là me semble en effet ancrée dans ses soucis contemporains, dans ses malentendus, ses déceptions, ses aigreurs, ses fatigues. J'ai l'impression qu'on a là un film de socialistes paumés et infoutus de reprendre les rênes du pouvoir faute de discours d'avenir et mobilisateur. Un film de désillusionnés. Je suis sûr que ce film qui n'a l'air de rien sera plus tard un bon exemple de ce que pouvaient ressentir les parisiens du début du XXIe siècle (vus par des bobos, on est loin de la Courneuve).
Alligator
6
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le 23 mars 2013

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