Très court métrage des premiers pas du cinéma, Escamotage d'une Dame au Théâtre Robert-Houdin préfigure les excentricités à venir du génial Georges Méliès avec
l'apparition instinctive du montage
comme élément essentiel de l'effet spectaculaire d'une certaine magie du cinématographe.
Le prestidigitateur exerce son art au Théâtre Robert-Houdin, boulevards des Italiens à Paris. C'est tout naturellement qu'il y emporte sa caméra pour tenter de reproduire sur pellicule quelques tours classiques des spectacles qu'il dispense. En l'occurrence, la disparition, puis la réapparition hasardeuse, d'une jeune femme souriante. Tourné sur la scène du petit théâtre, c'est l'innovation de l'arrêt de la caméra qui permet un point de montage cut au sein du même plan, laissant à loisir la jeune femme s'éclipser et le magicien déposer un squelette à sa place avant qu'elle ne revienne enfin.
Simple mais diablement efficace, et drôle.
Aux balbutiements de l'écriture cinématographique, Georges Méliès,
l'âme ouverte au fantastique,
n'attend pas un seul instant pour créer les premiers effets spéciaux, s'assurant là de contredire les prévisions des Frères Lumière qui estimaient encore que le cinéma n'avait que peu d'avenir et qu'au cœur des attractions foraines, la mode en passerait rapidement.