Esther par Joukoulou

Le film commence sur un rêve de Kate. On comprend assez rapidement qu'elle est encore traumatisée par la perte de son bébé mort-né. Kate est mariée et a déjà deux enfants, Max, une petite fille sourde, et Daniel, un pré-ado tête à claques. Bien décidée à avoir d'autres enfants, elle suit une psychologue ; en plus de son bébé mort né, Kate a un problème de boisson. Autant dire qu'elle cumule et ce n'est pas fini. Kate ne peut plus avoir d'enfant naturellement. Son mari et elle se tourne donc vers l'adoption et vont bientôt ramener chez eux, une petite brune de 9 ans, délicieuse et pleine de sagesse. Vous l'aurez compris, c'est le début des emmerdes.

Esther se révèle être extrêmement bien élevée, cultivée, intéressée par les arts (Kate étant pianiste et son mari dessinateur, ça tombe plutôt bien). Elle s'entend tout de suite avec Max et apprend le langage des signes très vite pour mieux communiquer avec elle. Avec Daniel, c'est plus compliqué. Il aime être le centre d'intérêt de son père et voit cette nouvelle enfant comme une menace. De plus, Esther s'habille comme dans La petite maison dans la prairie. Pendant toute la moitié du film, on voit qu'Esther est quelqu'un de mature à qui on la fait pas. Kate est de nouveau perturbée par cette enfant et va chercher à savoir qui elle est et d'où elle vient. Mais plus le film avance et plus on sent que derrière ce joli regard noir se cache un caractère fort, déterminé à tout pour obtenir ce qu'elle veut. L'ambiance, la musique et les regards de la fillette ne trompent pas: cette dernière cache un secret terrifiant qui pourrait bien avoir raison de la famille Coleman. Cependant, le fait que Kate soit la seule adulte à s'en rendre compte, et ses enfants condamnés au silence (je n'en dirai pas plus), rend le tout très oppressant. D'autant plus que le film se transforme parfois en huit-clos, puisque les agissements d'Esther ont principalement lieu dans sa nouvelle maison.

Isabelle Fuhrman, l'actrice qui l'incarne, entre dans son rôle à la perfection (vous allez adorer la détester!!!). Tantôt petite fille modèle, tantôt véritable psychopathe, ses regards froids et perçants glacent le sang. Bien qu'il ne s'agisse « que » d'un thriller, le film parvient à angoisser, le plus souvent pour rien grâce à des petites feintes musicales bien maîtrisées, et à faire sursauter sans prévenir. De plus, le scénario, qui aurait pu céder à la facilité en tombant dans les clichés du genre, réserve une chute astucieuse, inattendue, et surtout crédible. D'ailleurs, lorsque la vérité tombe, on remarque que les techniciens ont fait de l'excellent travail sur le personnage d'Esther. Les maquilleurs ont su lui donner en quelques coups de pinceaux l'allure qui colle avec sa réelle identité. Et tout est crédible!!!!

Les seuls bémols sont à mettre sur le personnage du père, peut-être aussi le moins bien écrit, certes pas mauvais, mais paraissant bien fade et peu intéressant en comparaison des autres. Et la famille ait subi de lourds traumatismes mais qu'il n'y ait que Kate qui en fasse toute une montagne (et soit la seule à voir un psy).