"Là où la vie n'avait pas de valeur, la mort, parfois, avait son prix."

Plus gros succès commercial de Leone sur le sol Italien, « Et pour quelques dollars » de plus s’inscrit dans une logique de ‘revanche’ prise par le réalisateur à cause du procès pour plagiat intenté par Kurosawa pour le long métrage « Pour une poignée de dollars » dont il avait au final engrangé peu de bénéfices à cause de ça. Le titre très ironique de ce deuxième volet de « la Trilogie du dollar » en dit déjà long.


Deux chasseurs de primes sont à la poursuite du même homme : l’Indien. Le Manchot et le Colonel Mortimer décident alors de s’associer (après s’être jaugé de la manière la plus couillue du Far West) et d’élaborer un plan pour venir à bout de l’Indien et sa bande. Le Manchot parvient à se faire recruter et devient donc l’infiltré de notre duo.


On retrouve un Clint Eastwood dégoulinant de charisme et de classe comme dans tous les longs métrages de Leone, un Lee Van Cleef froid, impassible, professionnel et un Volontè sombre, flippant et dérangé. Autant vous dire que le trio a une sacrée belle gueule.
Les trois personnages sont magnifiquement bien écrits et travaillés et les trois sont représentés par la même mélodie à cela près que seuls les instruments changent en fonction du personnage à l’écran.
D’ailleurs, Ennio Morricone signe ici sa meilleure musique et également une des plus fabuleuses que l’on puisse trouver dans un Western. Elle accompagne avec brio chaque entrée, chaque chevauchée ; elle colle parfaitement aux personnages et sublime absolument chacune des scènes par laquelle elle passe. Surtout si elle est couplée avec ces fameux plans de grands espaces qui ne sont pas sans rappeler ceux de Ford.


Splendide.


Leone laisse ici libre court à son talent et on a réellement la sensation qu’il se fait plaisir au travers des fioritures artistiques et des nombreux symboles qu’il y place. Le plus explicite est bien sur celui ou l’Indien est au centre de l’église abandonnée, tout de blanc vêtu, et qui fait face à ses 12 acolytes.


Il y a une réelle empathie qui s’installe pour chacun des personnages, et ce même si on ne sait pas grand-chose sur eux. Il faut attendre la scène finale pour que Mortimer n’ait plus rien à apprendre au spectateur, que ce soit sur son histoire ou sur ses réelles motivations.
On aime même Volontè, ce rôle lui va vraiment à ravir. J’ai un peu regretté (c’est vraiment pour chipoter) le fait qu’on n’insiste pas plus sur le Manchot. On voit clairement au début qu’il évite au maximum de se servir de sa main droite et ne s’en sert que pour tirer. Je m’attendais vraiment à ce que ce soit quelque chose de religieux chez lui, ça aurait apporté je pense un petit plus à son profil de chasseur de primes déjà très charismatique.
Bon c’était vraiment pour trouver quelque chose à redire comme je l’ai dit.


Pour rejoindre ce que je disais sur les fioritures artistiques, le réalisme des décors, des armes, des costumes etc est vraiment à couper le souffle. Absolument parfait pour l’immersion, Leone semble réussir dans cette œuvre tout ce qu’il entreprend d’une facilité déconcertante. Tout semble léger mais à la fois tellement pesant, tellement sombre dans ces contrées aveuglantes ; le silence de ces hommes dont le corps et la gestuelle sont criants d’émotion.


Le tout achevé sur cette scène finale absolument sublime. Un duel d’une tension palpable réunissant le trio dans ce qui évoque une arène, et qui sera bien sur repris dans le non moins mythique Le Bon, la Brute et le Truand.


Si ce dernier est d’ailleurs considéré (et à raison) comme étant le meilleur film de Sergio Leone, Et pour quelques Dollars de plus n’en reste pas moins un film absolument magnifique, fruit d’un cinéaste régnant presque sans partage sur ce genre si particulier.


https://www.youtube.com/watch?v=mLXQltR7vUQ

Redango
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le 12 mars 2015

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Redango

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