C'est assez étrange ce qui survient durant la projection d'Eternité : l'impression que le film n'a jamais commencé. D'aucuns s'y ennuieront sans doute ferme mais si l'on se laisse bercer pour cette suite de romances, et de drames, sur trois générations de femmes, on ne court que le risque d'être emporté comme par un rêve moelleux. Le film est d'un autre âge, en ce sens qu'il ne prétend jamais à la modernité. On s'y vouvoie entre époux, on fonde des familles très nombreuses, on est fidèle dans le mariage, on meurt, parfois, fort jeune. Le film du réalisateur de L'odeur de la papaye verte se caractérise par la splendeur de ses images et une voix off omniprésente, très littéraire et qui anticipe les malheurs ou bonheurs à venir. Au fond, ce ne sont que mariages et enterrements qui se succèdent et jamais il n'est question de choses aussi vulgaires que le travail ou le flux de l'histoire (à une exception près). On y sourit à la vie sans arrêt et on y pleure à chaudes larmes. Ce film de sentiments, et rien d'autre, est porté par une mise en scène gracieuse et cotonneuse, quasi cosmique, à la manière de Terrence Malick mais sans les envolées mystiques. Les acteurs, et notamment les dames, Tautou, Laurent, Béjo, sont les instruments consentants de cette symphonie harmonieuse. Elles ont su se fondre dans cet univers particulier sans jamais céder à la tentation de la performance. Cela donne un film éthéré, lumineux et peut-être désincarné. Mais qui a le mérite de s'en tenir à ses partis pris du début à la fin.

Cinephile-doux
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le 9 déc. 2016

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