L'épopée arthurienne est l'une des plus riches qui existe dans toute la Fantasy (pas pour rien que l'on a créé la Fantasy Arthurienne ; un sous-genre pour un seul homme). Alors, regrouper toutes les péripéties, aventures et conquêtes du roi Arthur en une seule création était un colossal travail que John Boorman a réalisé en 1981 avec son film Excalibur (d'après le manuscrit Le Morte d'Arthur de Thomas Malory), désormais un des grands piliers de la Fantasy Arthurienne.


Le film nous narre alors la vie du roi d'Arthur, de sa naissance avec le complot d'Uther Pendragon pour s'emparer d'Ygraine jusqu'à sa mort contre son fils Mordred en passant par tous les éléments de sa mythologie : la table ronde, la Dame du Lac, ...
J'ai déjà assez spoil comme ça.


Le mythe d'Arthur est généralement synonyme d'histoires complexes et conséquentes, par conséquent (excellente répétition), il faut proposer un film à la hauteur de la légende : Excalibur est le premier film qu'il m'est donné de voir (et peut-être même le seul qui existe ; je ne suis pas si documenté sur les adaptations cinématographiques du roi Arthur) avec un tel souci du détail. Absolument tous - du moins les plus marquants et célèbres - les passages de la vie d'Arthur sont dévoilés à l'écran, pour le plus grand bonheur de fan incontesté de ce mythe chevaleresque. Tout, mais non forcément pour le meilleur. En effet, si la force du film réside dans sa véracité, il faut souligner le fait qu'en un peu plus de 2 heures de film, on n'a pas le temps - malheureusement - de décortiquer la vie du roi Arthur tant il y a du contenu. Alors arrive, lors du visionnage, une impression d'accélération dans les événements : tout est accélérer à vitesse grand V et c'est fortement dommage. Seules quelques scènes parvient à ralentir ce sprint biographique par une atmosphère dramatique et/ou romantique avant qu'une autre aventure ou un autre combat ne vienne donner de l'éperon. Néanmoins, ce défaut permet en partie de ne pas voir défiler le temps et de ne point s'ennuyer avec les éléments du film. On pourra noter peut-être quelques changement de scènes un peu étranges mais dans l'ensemble, le montage est plutôt bien réalisé, les intrigues défilent dans un bon rythme et trouve toujours résolution, ce qui facilite notre compréhension.
Mais outre les aspects du mythe, c'est bien l'atmosphère générale qui donne à ce film un certain prestige : nul film à mon actif ne s'est autant dévoué à montrer autant de codes et d'aspects de la chevalerie médiévale que Excalibur. Des passes d'armes au combats en passant par les codes de l'amour courtois et des dialogues, on arrive avec un film criant de vérité quant aux plausibles agissements des chevaliers de l'époque.


Pour ce qui est des acteurs désormais, nous pouvons peut-être être surpris, dès les premières minutes et jusqu'à l'arrivée de Arthur pour défaire Excalibur du rocher, des doublages. N'ayant pas regardé la version originale, je ne peux porter un jugement mais la version française propose un doublage quelque peu étonnant qui entrera petit à petit dans la "normale" ; au fur et à mesure que le film passe. Outre cela, les acteurs sont très bien choisis et l'on reconnaît aisément plusieurs têtes célèbrent (Patrick Stewart (Leodagan) et Liam Neeson (Gauvain) pour ne citer qu'eux). Mais on se penchera plus sur les figures de Arthur, interprété par Nigel Terry, et de Merlin, par Nicol Williamson qui sont, tous deux, d'excellents acteurs. On notera le second degré dont fait preuve Merlin, qui n'est pas pour déplaire, mais aussi son ermitage qui est sans rappeler positivement toutes les créations cinématographiques penchées sur la légende d'Arthur mettant en scène un Merlin qui possède des opinions très éloignées sur l'amour, l'amitié, ...
Les personnages de Lancelot (Nicholas Clay) et de Perceval (Paul Geoffrey) sont également notés, non pas parce qu'ils ont tenu une place importante dans le déroulement de la vie d'Arthur, mais bien parce que leurs personnages crient également de vérité. Entre un Lancelot déchiré entre l'amour porté à la reine Guenièvre et l'amour pour son roi, et un Perceval tentant de retrouver la foi en son roi abattu pour saisir le Saint Graal, ce sont bien là des personnages que l'on suit avec plaisir tout au long du film.
Je me permets une petite remarque sur le personnage de Liam Neeson, le chevalier Gauvain qui est montré dans cette adaptation comme un chevalier fourbe, manipulé par la sorcière Morgane. Si en soit, le personnage du film diffère de sa figure légendaire, le fait de l'avoir établi comme "antagoniste" demeure une chose intéressante.


Les effets spéciaux ! Le film est sorti en 1981 et la plupart des critiques (surtout négatives) que j'ai pu lire mettent en avant un film qui a mal vieilli, dû à des effets qui ont perdu de leurs valeurs et charmes. On ne va pas se voiler la figure, il est vrai que quelques effets spéciaux ont mal vieilli mais dans l'ensemble, ils demeurent toujours fabuleux. Que se soit la mer de nuage, les "métamorphoses" des personnages ou même le jeu (peut-être insolite) sur les lumières qui est tout de même excellent - on aime la couleur vert dans ce film - sont encore de bonnes factures. Et cela fait absolument plaisir à voir. Après, on ne voit pas tant de sortilèges ou même de créatures fantastiques dans ce film, la magie reste assez bien cachée pour mettre en avant plus le côté humain du roi que le côté féerique de sa légende. J'en veux pour preuve le dragon dont on parle tout au long du film mais qu'on ne voit pas un seul instant.
Mention spéciale à l'apparition de la Dame du Lac ; toutes les autres adaptations que j'ai vu pour l'instant (les critiques sont par ailleurs disponibles) sur l'épopée arthurienne ont, plus ou moins, raté cette apparition qui est juste sublime dans ce film.
Mention également spéciale pour la fameuse Table Ronde (qui est plus un accessoire qu'un effet spécial, mais bon) qui est magnifiquement représentée.


Les combats maintenant. D'aucun pourrait dire qu'ils sont mous, que le jeu n'est pas bon. Or, le film nous montre des combats de chevaliers en armure lourde et complète. Il va alors sans dire que les combats sont loin d'être très impressionnants mais ils ont le mérite d'être véridiques, énergiques et très bien orchestrés. Les effusions de sang sont correctes même si on ne peut s'empêcher de penser, après les batailles, que les traces de sang sont des coups de pinceaux sur les pièces d'armure ; armures qui sont d'ailleurs de bonne facture et même quelques peu fantaisistes à certains moments. Les sièges sont vraiment impressionnants et grandioses, si ce n'est - de manière strictement personnel - l'utilisation des catapultes/trébuchets, pour ma part, il est impossible que les projectiles atteignent les places fortes assiégées avec la façon dont ils sont catapultés. Mais bon, cela reste du détail...


Les musiques à présents : magnifique ! Magnifique pour deux noms : Richard Wagner dont le film emprunte quelques musiques du Crépuscule des Dieux et de Tristan et Isolde ; riche idée qui rend le film assez épique ; et Trevor Jones ! Le compositeur des films Labyrinthe et The Dark Crystal nous signe une bande son absolument mémorable dont je tiens à porter une mention spéciale pour les musiques de banquets et de fêtes qui sont plus que vraies, on a l'impression d'y être.


Les paysages, pour finir sur une caractéristique simple et rapide, sont somptueux. Ce n'est pas forcément du grand art mais il y a tellement de détails qu'on ne saurait être émerveillé devant la splendeur des endroits visités. De plus, l'idée d'un Camelot en cristal est ma foi un peu tiré par les cheveux mais entre parfaitement dans l'état d'esprit de la légende et le rendu est plutôt bon.


Excalibur ! Sans aucun doute la référence cinématographique par excellence sur la vie du roi Arthur et des aventures des chevaliers de la Table Ronde. Il demeure un classique des années 80 mais aussi un classique en or pour la Fantasy ; jamais la légende du roi Arthur n'aura été aussi bien représentée et racontée. C'est une référence et l'on se doit de le regarder au moins une fois, ne serait ce que pour écouter Merlin : Hannal nathrar, ourwassbethud, doriel diembhe !
Et n'oubliez pas : la Fantasy nous appartient !

PhenixduXib
10
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste De la Fantasy, rien que de la Fantasy

Créée

le 1 mai 2018

Critique lue 531 fois

1 j'aime

PhenixduXib

Écrit par

Critique lue 531 fois

1

D'autres avis sur Excalibur

Excalibur
Aqualudo
10

Anal Nathrach, udhras beothadh, dochioll dian fe

Et voilà, nous y sommes. J'avais gardé ce film pour ce moment, la 100è critique sur ce site communautaire. Excalibur c'est mon premier DVD. C'est le film qui sert à tester tous mes nouveaux lecteurs,...

le 9 juin 2013

71 j'aime

20

Excalibur
Samu-L
9

Un film magique!

Je viens de revoir Excalibur, et c'est toujours le même bonheur. Un vrai grand film d'aventure épique. Une des meilleures œuvres de fantasy qu'on ait vu sur un écran de cinéma et qui survole à une...

le 14 juil. 2013

65 j'aime

18

Excalibur
Alexis_Bourdesien
4

La Quête du Kitsch

(Petite « critique » entre une douche et une séance de lecture) J’avais comme un mauvais pressentiment avant de lancer Excalibur. Comme une certaine peur que ce film ait pris un certain coup de...

le 8 mars 2014

63 j'aime

18

Du même critique

The First Tree
PhenixduXib
10

Il y a des jeux dont on ne faudrait jamais voir arriver la fin...

Près de 2 heures de jeu à mon actif. Première critique ne parlant ni d’œuvre de Fantasy, ni d’œuvre de Fantastique. Catégorie "Nature", j'arrive ! The First Tree, développé par David Wehle, est un...

le 22 juin 2018

5 j'aime