Jacques Becker plonge dans le milieu de la mode pour raconter cette histoire d’amour fou entre un couturier et la future femme du fils de son plus important fournisseur. En s’ouvrant sur la fin (la découverte du corps d’un homme sur le pavé dans les bras d’un mannequin vêtu d’une robe de mariée) le film se prive de l’éventuel suspense inhérent à ce traditionnel jeu de « suis-moi je te fuis » : L’intérêt ne sera donc aucunement de deviner si les amants finiront ensemble ou non. Ça finira mal, c’est une certitude. Et c’est ce plan de bascule, virant du corps inerte aux multiples branches d’un arbre décharné, qui nous explique que seul un flashback pourra retracer le drame.


 Becker va décrire ce monde avec richesse et déploiement, autant qu’il le fera du couple (Antoine et Antoinette) ou d’un groupe de prisonniers (Le trou). Notamment les règles de pouvoir d’un poste sur un autre, d’une personne haut placé (elle-même surveillée par le couturier dictatorial) sur celles qui travaillent d’arrache pied dans l’ombre. Cette minutie quotidienne de la maison de couture se dissout très vite au profit de cette histoire d’amour déséquilibrée, où chacun semble prêt à abandonner sa vie, tour à tour, avant de retourner sa veste. Le film était précis, cadré, il devient désordonné, spirale. Le couturier qui règle sa vie et sa réussite sur ses créations saisonnières veut tout abandonner, il a signé son arrêt de mort. Je ne connaissais pas Raymond Rouleau, il est excellent en plus de ressembler outrageusement à Michel Piccoli. Outre la finesse des dialogues, il faut préciser que la mise en scène de Becker est aussi très inventive : Suffit d’évoquer cette fabuleuse partie de ping-pong.
JanosValuska
6
Écrit par

Créée

le 17 déc. 2017

Critique lue 295 fois

5 j'aime

2 commentaires

JanosValuska

Écrit par

Critique lue 295 fois

5
2

D'autres avis sur Falbalas

Falbalas
Elenore
7

L'amour à mort

Troisième film de Jacques BECKER sorti dans les salles en 1945, Falbalas prend la forme d'une plongée ethnographique matinée d'onirisme. L'œuvre joue en effet sur deux tableaux, deux thèmes,...

le 23 mars 2011

13 j'aime

1

Falbalas
Boubakar
7

Passion mode.

Troisième film de Jacques Becker, celui-ci s'intéresse à un univers qu'il connait bien, de par sa mère ; la haute couture. On suit un créateur, incarné par Raymond Rouleau, toujours en retard, qui...

le 12 avr. 2017

7 j'aime

3

Falbalas
JanosValuska
6

Le tourbillon du désir.

Jacques Becker plonge dans le milieu de la mode pour raconter cette histoire d’amour fou entre un couturier et la future femme du fils de son plus important fournisseur. En s’ouvrant sur la fin (la...

le 17 déc. 2017

5 j'aime

2

Du même critique

Titane
JanosValuska
5

The messy demon.

Quand Grave est sorti il y a quatre ans, ça m’avait enthousiasmé. Non pas que le film soit  parfait, loin de là, mais ça faisait tellement de bien de voir un premier film aussi intense...

le 24 juil. 2021

31 j'aime

5

La Maison des bois
JanosValuska
10

My childhood.

J’ai cette belle sensation que le film ne me quittera jamais, qu’il est déjà bien ancré dans ma mémoire, que je me souviendrai de cette maison, ce village, ce petit garçon pour toujours. J’ai...

le 21 nov. 2014

30 j'aime

4

Le Convoi de la peur
JanosValuska
10

Ensorcelés.

Il est certain que ce n’est pas le film qui me fera aimer Star Wars. Je n’ai jamais eu de grande estime pour la saga culte alors quand j’apprends que les deux films sont sortis en même temps en salle...

le 10 déc. 2013

27 j'aime

6