Une œuvre très fournie et touffue qu'il faut prendre le temps de défricher. Il faut prendre le temps tout court pour le visionner d'ailleurs. Il faut dire qu'il y a presque plusieurs films en un (en même temps vu la durée...). D'abord le début, assez joyeusement mélancolique, avec le plaisir simple d'assister à la vie de la famille. Cela rappelle des moments d'enfance avec ces grands repas un peu anarchiques (hormis l'absence cruelle d'un oncle pétomane dans ma famille). On s'attache tout de suite à la plupart des personnages. La longueur de cette présentation permet de prendre du temps pour leur créer une psychologie propre qui servira le film tout au long du récit.
Et puis après la mort du père ça bascule dans un côté dramatique et parfois surréaliste. L'autorité, quelle qu'elle soit, est durement critiquée et la mise en scène vire à l'austère pour créer une dualité avec la première partie du film beaucoup plus lumineuse et colorée. Bergman parvient à ne pas tomber dans le piège du manichéisme pour autant. Mais, au final, les passages en rapport avec le beau père machiavélique et tyrannique m'ont un peu ennuyé, hormis la scène de négociation avec les frères qui apporte une tension palpable.
Les scènes avec le père (Gary Oldman on t'a reconnu), la grand mère et surtout l'oncle Gustav sont particulièrement justes et réussies. En y réfléchissant je crois que ce sont les enfants qui m'ont surtout laissé indifférent, à part les quelques moment ou Alexandre erre dans la grande maison vide et qui ont un vrai parfum d'enfance. On est face à un film qui prend son temps, qui est joyeux puis triste, puis un peu ennuyeux, mais qui reste intriguant. Un beau résumé de l'enfance et de la vie.