Le diable et l'édit commandement

A la recherche d'un visa pour Hollywood, Murnau se lance dans un projet des plus ambitieux : l'adaptation du monument de Goethe. Deux heures de délire pictural avec une lumière dingue et des plans de toute beauté.

La grande réussite du film se trouve là, dans l'inspiration puis la reproduction de peintures fameuses : Rembrandt, Vermeer, De La Tour... parfaitement insérée dans l'ensemble du film grâce au génie du directeur de la photographie, Carl Hoffmann. A noter aussi un casting impressionnant de vieilles trognes semblant sortir d'un Bruegel et l'incroyable visage d'une Gretchen sortie tout droit de l'iconographie religieuse... En ce sens, la défection de Lilian Gish aura au moins eu le mérite d'offrir à Camilla Horn le rôle de sa vie...

En dehors de ses qualités esthétiques évidentes, le film possède quelques défauts plus ou moins mineurs. D'abord, dans l'édition DVD que j'ai pu avoir (grâce à l'aimable et généreuse enfant que je remercie d'ailleurs en passant) la musique dépasse les limites de l'abominable. Ensuite, les intertitres en caractères gothiques, c'est un peu lourdingue, surtout si chaque panneau reste suffisamment longtemps pour être lu cinq ou six fois par une personne normale...

Pour revenir au film, nous avons un Méphisto intéressant joué de façon truculente par un Emil Jannings en grande forme, mais était-il nécessaire de se laisser aller à la folie du double jusqu'à en proposer deux ? Surtout que le second se croit obligé de porter la tenue traditionnelle de son rôle, ce qui, entre nous, m'a toujours paru incompréhensible.

Ah oui et sinon, Faust est quand même vraiment un sale con, c'est toujours pénible quand le héros est un sale con, c'est dommage, mais bon, on s'y attendait un peu et puis, le film est vraiment superbe...

Créée

le 18 mars 2012

Critique lue 1.6K fois

43 j'aime

22 commentaires

Torpenn

Écrit par

Critique lue 1.6K fois

43
22

D'autres avis sur Faust

Faust
Sergent_Pepper
9

Abuse your illusion

Il ne fallait pas moins qu’un mythe de la densité de Faust pour porter l’incroyable force des images d’un cinéaste visionnaire : en 1926, juste avant son départ pour Hollywood (son film suivant sera...

le 25 sept. 2017

48 j'aime

5

Faust
Torpenn
8

Le diable et l'édit commandement

A la recherche d'un visa pour Hollywood, Murnau se lance dans un projet des plus ambitieux : l'adaptation du monument de Goethe. Deux heures de délire pictural avec une lumière dingue et des plans de...

le 18 mars 2012

43 j'aime

22

Faust
Grimault_
9

Larmes, et des ombres.

Faust, sorti au cinéma en 1926, est sans doute le film le plus ambitieux de F.W. Murnau techniquement parlant, et c’est à lui que l’on doit bon nombre d’innovations en termes d’effets spéciaux, sans...

le 28 janv. 2020

34 j'aime

8

Du même critique

Into the Wild
Torpenn
5

Itinéraire d'un enfant gâté

A 22 ans, notre héros, qui a feuilleté deux lignes de Thoreau et trois pages de Jack London, abandonne sans un mot sa famille après son diplôme et va vivre deux années d'errance avant de crever comme...

le 17 nov. 2012

468 j'aime

181

Django Unchained
Torpenn
4

Esclavage de cerveau

Aussi improbable que cela puisse apparaître à mes lecteurs les plus obtus, j’aime bien Tarantino, je trouve qu’il arrive très bien à mettre en scène ses histoires, qu’il épice agréablement ces...

le 22 janv. 2013

393 j'aime

174

Le Parrain
Torpenn
10

Le festival de Caan...

Tout a déjà été dit sur ce film, un des plus grands jamais réalisé. Tout le monde a vanté, un jour son casting impeccable : un Brando ressuscité, un Pacino naissant, bien loin de ses tics...

le 6 janv. 2011

366 j'aime

131