Visuellement, on n'est pas loin des confessions intimes d'un Tarnation. Et comme dans icelui, les névroses sont plaquées en plein jour, sans retenue. Dans la thématique des secrets de famille, aussi, on reconnaît une certaine parenté avec le Pardonnez-moi de Maiwenn, qui aurait eu tort de se priver de s'en inspirer plus que de raison.
A l'image, le luxe fasciste d'une élite bourgeoise contraste avec l'académisme-zéro de la réalisation. Que ce soit dans les angles à 45° ou les prises de vue improbables, beaucoup d'éléments concourent à feindre l'amateurisme dans ce cinéma de nouveau genre, ayant pour parti pris un certain réalisme cru, pour révéler l'âpre vérité. Dans les grandes lignes, de la comédie humaine, où se tirent dans les pattes des esprits enserrés, âmes accablées par les blessures suintant de la bile acide comme récidive du préjudice qu'ils ont subi.
Les manières de dénoncer la perversion porcine des magnats de la bienséance de façade font bien évidemment penser au Salo de Pasolini. Dans le cas présent, dans les mots uniquement, la face crade de l'être ne daignant pas accorder de scènes explicites. Pas de caca et de sexe chez ces Francs-Maçons de bonnes mœurs où le « bien » paraître est un mot d'ordre. Pari osé mais réussi que de faire tenir toute la tension dans le suggéré et le demi-mot, navigant à flux tendu sur un bateau ivre entre le non-dit et l'explosion verbale salvatrice.
En d'autres termes et pour faire court, c'est un choc filmique et narratif. Je m'étonnerai toujours de remarquer qu'à partir de rien (un simple repas de famille), il est possible de réunir autour d'une table toutes les qualités requises à la réalisation d'un (excellent) film. Des émotions, du rythme, de la fantaisie, de la malice, et finalement une merveilleuse mise en scène des secrets de famille qui aboutit à une mixture de Génie.