La boxe ayant toujours inspirée les cinéastes, ce Fighter soulevait avant sa parution déjà des questions intéressantes : n'a-t-on pas fait le tour du sujet ? Comment se frotter à ses illustres aînés ? Pourquoi la boxe continue-t-elle à faire des films ? Eh bien, Fighter répond à ces questions, avec du punch, mais pas que. Si on peut regretter que le film ne tienne pas le rythme effréné et jovial des premières minutes, force est de constater que la prestance du casting donne vie à ce film, Christian Bale en tête, tant il parvient à emplir le film des humeurs changeantes de son personnage. Le choix d'un film réaliste, sur le plan social notamment permet de se démarquer du film de boxe typique, plus héroïque, olympique, plus américain quoi. Car Fighter s'il n'est pas parfait, montre en filigrane pourquoi la boxe a autant donné lieu à autant d'œuvre. Au delà du combat sur le ring, le boxeur est souvent un être malmené, et ses vrais combats, les plus difficiles sont ceux de sa vie, c'est valable pour tout film de boxe, d'où le risque de double parcours ( homme et boxeur ) assez casse-gueule car depuis longtemps servie à toutes les sauces.


D'ailleurs dans Fighter, on peut d'abord croire au drame tant l'expérience est presque trop évidente, si le film gagne en intensité dramatique par ses incursions dans le tragi-comique, il en devient parfois trop dialectique et en ce sens prévisible. Il aurait été préférable que le film s'emporte dans le rythme singulier du début et profiter de la polyvalence des acteurs pour une sorte de trip plus enjoué. Car c'est vrai que le film fait un peu office de résumé de tout ce qui a était fait jusque là, une synthèse certes sympathique mais qui a du mal à trouver sa propre identité dans le large panel de ce genre; néanmoins il faut se garder d'une définition classique car Fighter parvient à justifier ces choix de réalisation durant le film et mieux les accorder avec son aspect un peu pouilleux et saccagé correspondant à celui de la middle class américaine laissée pour compte. De la même manière et de façon assez surprenante Fighter arrive à outrepasser son récit dramatique pour le confondre avec humanité en une énergie débordante et communicative qui atteint son sommet lors du dernier combat où les deux frères, plus soudés que jamais semble ne faire qu'un sur le ring. Le combat en lui même est très vivant, filmé de manière quasi-organique. Fighter est le film de boxe qui utilise de manière la plus claire et précise ce sport comme une métaphore entre la vie et le ring, très facile à identifier, sans doute un peu trop d'ailleurs, mais Fighter est empli de vérité grâce à un casting sur mesure qui semble avoir entièrement saisi l'enjeu de ce film, sa sincérité et sa sobriété.


En effet, la grande bataille du film ce n'est pas celle d'un combat de boxe mais plutôt celle de la renaissance d'une fraternité, celle d'une revanche face à la vie et ses aléas. Avoir su rester dans cette humilité, c'est déjà le signe d'un combat rondement mené.
Heisenberg
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le 20 juil. 2011

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