Un homme seul plongé dans le noir, emprisonné dans ses angoisses, enfermé dans un cockpit où chaque boulon semble être sur le point de céder sous la pression, fusant à vive allure à travers les nuages ... puis soudainement le vacarme s’interrompt, le silence s’installe et le temps s’immobilise et voilà qu’apparaît à travers la fine lucarne l’espace infini.


Dès la scène introductive de « First man » nous comprenons que le dernier film de Damien Chazelle ne nous racontera pas l’histoire de l’homme hors du commun qui, porté par une nation, a su écrire une page de l’Histoire en marchant sur la lune. « First man » est avant tout l’histoire d’un père marqué par la mort de sa deuxième fille atteinte d’un cancer, d’un mari profondément amoureux mais aussi profondément distant, d’un collègue qui voit ses amis mourir pour la cause folle à laquelle ils se sont engagés, d’un ingénieur qui manipule maths et physique pour se sauver d’une mauvaise passe en plein milieu de l’espace.


La force de « First man » est d’éviter les écueils du biopic patriotique et héroïque en nous offrant un bouleversant portrait intime et sensible d’un homme porté par un rêve mais aussi par la mélancolie. L’interprétation sans faute de Ryan Gosling n’est pas pour rien dans cette plongée dans l’intimité complexe de Niels Amstrong. Claire Roy dans l’interprétation de l’épouse de Niels est également remarquable dans ce portrait de femme faisant face à l’angoisse de la mort et dont la force permet à Amstrong de tenir debout.


Damien Chazelle parvient ainsi à nous surprendre en restant toujours à échelle d’homme et en nous embarquant dans la peau de notre protagoniste. Lors des nombreuses séquences en espace, nous restons au cœur du cockpit et vivons l’expérience unique et terriblement angoissante de ces expéditions sucidaires où la technique est faillible, Huston impuissante, où seule l’ingéniosité des pilotes peut les sauver. Comme dans « Whiplash », le troisième film de Damien Chazelle est un film sur les limites que l’homme tente sans cesse de dépasser, sur notre volonté inébranlable à vouloir nous surpasser.

Zeldafan70
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le 21 oct. 2018

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