Je suis l'Amérique, dit-il
Pendant plus de deux heures, je me suis demandé ce qui se cachait sous les belles lumières crépusculaires de Foxcatcher, sous ses jolis paysages embrumés, dans ses salles d'entraînement mélancoliques, toujours filmées grand-angle.
Pas grand chose, en réalité. Rien d'autre qu'une énième métaphore de l'Amérique, dont la demeure de John du Pont (Steve Carell) est sans cesse posée comme LE SYMBOLE. Pour ceux qui n'auraient pas compris, la mise en scène de Bennett Miller souligne, insiste. On a donc droit à des plans (très beaux, il faut le reconnaître) sur des chevaux de course qui ne servent plus à rien (ceux de Mme du Pont). Il faut aussi que l'on voie bien dans le cadre les oiseaux empaillés de du Pont, les tableaux du XVIIIe siècle et le drapeau américain. Et, si le démonstration que déroule constamment la mise en scène n'aurait pas convaincu, on entendra encore "USA, USA" dans la dernière séquence. Ces lutteurs qui perdent, ce milliardaire désoeuvré, ils sont L'AMERIQUE.
Film-métaphore avant d'être simplement un film (qui raconte une histoire, affine les contours de ses personnages), Foxcatcher se noie dans sa propre prétention. On ne ressent en le voyant aucune émotion, pas le moindre trouble. Faux grand film, Foxcatcher est en réalité un produit de qualité comme on aime en voir dans les festivals européens. Même pas un mauvais film, plutôt un film moyen de plus.