Je suis victime d'un défi à la con avec un ami, un certain "demarreur" trop rarement présent sur ce site, à cette adresse : http://www.senscritique.com/demarreur ; que je vous invite d'ailleurs à suivre pour sa plume inventive et originale.

A la base il s'agissait d'un pari qu'il avait perdu. Du coup je devais tirer au sort pour lui (parmi une liste de 4600 films de ma modeste vidéothèque piratée où le meilleur peut côtoyer le pire, - si la police passe dans le coin j'en ai pour perpet au passage) un film, grâce à l'aide d'un logiciel automatique. Il avait pour mission de le voir et de le critiquer dans la semaine qui suit.

Donc il y a un vrai risque, celui de tomber sur un film atroce durant plus de 10 heures, sur un film d'Eric Rohmer, sur un film muet austro-hongrois des années 20, sur un film de Pabst, sur un film de Bela Tarr (non je déconne, jamais téléchargé lui, pas fou à ce point), sur Zoo de Peter Greenaway, sur naissance d'une nation, sur des films français des années 90, sur des films russes de 1956, sur des films asiatiques osbcurs, sur des films américains quidams des 80's, sur des nanars, des films de Téchiné, de Lelouch, des films mineurs de grands réalisateurs, du Guediguian, du Duras, du Civeyrac, du Bresson, du Bergman, Antonioni, Angelopoulos (oui je suis l'ordre alphabétique inverse en retenant quelques noms en remontant ma liste)...

Bref autant de raisons de se pendre quand on n'est pas accro au cinéma comme lui.

Et il est tombé pas trop mal, sur "La cité de l'indicible peur" de Jean-Pierre Mocky, d'abord inquiet de se coltiner un vieux film franchouillard, il en est sorti plutôt surpris en bien, la preuve ici :
http://www.senscritique.com/film/La_Cite_de_l_indicible_peur/critique/27758638

Et puis histoire d'être un peu équitable, et quitte à se lancer dans des challenges farfelus, on a décidé d'inverser les rôles pour cette semaine, et peut-être continuer comme ça indéfiniment qui sait si la lassitude ne nous gagne pas...

Alors... Foxy Brown!

Je dois dire que je suis assez satisfait de ce tirage, ça doit être mon premier vrai film de blaxploitation. Bien qu'ayant une admiration sans borne pour Jackie Brown, je n'ai jamais vraiment franchi le pas. D'abord parce que les films de cette période (de 70 à 75) sont quand même assez rares et difficiles à dénicher, et surtout parce qu'ils ont la réputation d'être quand même globalement un peu moisis et nanardesques comme pas possible.

Et puis j'étais tombé amoureux de Pam Grier en la découvrant dans Jackie Brown, et là dans le rôle de sa soeur cadette Foxy, elle a carrément pas changé. Bon le ton du film étant beaucoup plus lubrique, on se rend définitivement compte qu'elle a une poitrine et des fesses tellement énormes qu'elle pourrait sans problème y loger une famille entière d'immigrés clandestins.

Sinon elle a un amant, un ex-indic qui change de figure pour pas se faire repérer par les méchants, avec trois bandages sur la tête et 10 jours à l'hôpital, les chirurgiens sont déjà capables de lui faire une nouvelle gueule toute lisse en mode Face off de John Woo.

Pam a également un frère, un type à la tronche également assez invraisemblable, le fameux huggy les bons tuyaux de Starsky & Hutch, le fameux pivert humain Antonio Fargas :
http://image.noelshack.com/fichiers/2013/48/1385826435-photo-foxy-brown-1974-2.jpg

A noter que tous les acteurs jouent comme des pieds, lui le premier.

Il y a des vilains, Wasp nécessairement, qui contrôlent les quartiers, organisent les deals de drogue, arrosent la police, exploitent des réseaux de call-girl pour les personnes influentes (magistrats, politiques), des combats avec des répliques débiles mais tordantes entre gouines, une castration, un hélicoptère dont les pales charcutent un type, un barbu, un viol; et c'est globalement monté et réalisé avec les pieds, mais avec une énergie débordante et communicative.

C'est à la fois cartoonesque et hyper trash. Qui a dit Tarantino ?
On sent clairement l'influence, que ça soit dans la légèreté assumée, l'humour, les personnages archétypaux, la culture pop, et soudain les éclats d'une violence terrible et malsaine qui sort de nulle part et qui terrasse tout, et qui questionne nécessairement le positionnement du film. Est-ce complaisant ?

Ce qui arrive à la pauvre Foxy est quand même assez terrible, prisonnière de deux paysans pervers dans un ranch au milieu du désert, attachée a un lit... On pense nécessairement aux mésaventures de Django vers la fin de Django Unchained, ou même encore aux péripéties abominables en huis clos entre Zed, la Crampe, Bruce Willis et Ving Rhames... Ou encore au flic de reservoir dogs... Au viol de Kill Bill...

A un moment donné, les héros prennent très cher, le rapport au film change, d'un ton cartoonesque, on dérive dans une noirceur imparable qui transforme définitivement un personnage qui était dans un premier temps présenté comme cool au spectateur. Foxy Brown n'est plus simplement la nana badass, indépendante, fière et forte qui va casser la tronche à tous les vilains et venger les siens, c'est une femme violée.

Mais ça ne marche pas comme dans les bons films de Tarantino, ici la légèreté et le jemenfoutisme du traitement, la débilité assumée de l'histoire, rend du coup l'expérience un peu gênante, gratuite, possiblement perverse et maladroite.

Du coup même si le film est plutôt sympathique et fendard en soi, je n'en sors pas pleinement convaincu (sans mentionner les chutes de rythme, et un scenar qui devient totalement confus et chiant dans le dernier acte).

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le 27 nov. 2013

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KingRabbit

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