La musique, c'est de la merde!

Inspiré par l'excentrique musicien anglais Chris Sievey et son personnage de Frank Sidebottom, qui eut un succès monstre dans les années 80, Frank raconte l'extraordinaire voyage de Jon, un jeune Irlandais un peu paumé qui galère à composer ses propres chansons. Par le fruit du hasard, il se retrouve claviériste au sein d'un groupe underground constitué d'une théréministe agressive, d'une batteuse muette, d'un guitariste français et d'un énigmatique chanteur qui n'ôte jamais son masque. Entraîné malgré lui dans la composition de leur album au fin fond d'une campagne isolée, Jon va peu à peu s'épanouir au sein de ce groupe pour le moins étrange...

Écrit par Jon Ronson, ancien membre du groupe Oh Blimey Big Band avec Sievey, et basé sur sa véritable expérience au sein de la formation, le long-métrage se présente comme une odyssée musicale drôle et intense où, comme notre héros Jon, on découvre avec des yeux vierges (pour ne pas dire normaux) un groupe tout simplement barjo composé de membres tous plus différents les uns que les autres, entre Clara (Maggie Gyllenhaal, parfaite) et sa constante antipathie, Baraque le guitariste qui ne parle qu'avec la langue de Molière (François Civil, un jeune espoir surprenant) et bien entendu Frank (Michael Fassbender, épatant sous son énorme masque), leader bizarroïde qui soumet les membres à diverses expériences musicales pour pondre l'album parfait.

Mais au fur et à mesure que les choses avancent, Jon se rend compte que son émancipation au sein du groupe et ses décisions vont avoir un tout autre impact au sein du groupe. Drôle, triste, bizarre et décalé, Frank est une œuvre singulière magnifiquement mise en scène par Leonard Abrahamson (What Richard Did) où l'on plonge dans une histoire gorgée de sentiments humains fracassés, enfouis, désolés. Très insolite, mettant parfois mal à l'aise mais aussi particulièrement détonant, le film est d'une légèreté éblouissante, portée par la musique pop psyché de ce groupe fictif au nom imprononçable.

Peuplé de séquences cocasses (la dispersion des cendres dans le désert), de moments plus sérieux et de trouvailles visuelles imaginatives (les tweets que postent régulièrement Jon sont exposés à l'écran), Frank est clairement un OFNI quasi-biographique aux allures de trip gigantesque qui nous donne envie de se pencher un peu plus sur ce personnage délirant qu'a pu être Frank Sidebottom. Une curiosité pleinement maîtrisée à voir absolument.