Kenneth Branagh, habitué des planches et réalisateur minutieux fanatique des adaptations de Shakespeare, sort en 1994 un nouveau long-métrage sur Frankenstein et sa créature hybride défiant les lois de la science. Malgré son flop retentissant, le film est une réussite aussi bien artistique que scénaristique, Branagh prenant son temps pour instaurer à l'histoire une ligne progressive intense.
Outre les effets spéciaux de qualité, les décors magnifiques et la musique envoutante de Patrick Doyle, l'acteur/réalisateur filme de courtes scènes l'une après l'autre afin de captiver l'essence-même de l'histoire et réussit à magnifiquement retranscrire l'œuvre de Mary Shelley avec un souci du détail ahurissant. Cela permet également de ne pas se perdre en route à travers des longueurs inutiles et des passages ennuyeux. L'interprétation est quant à elle sans reproche, Branagh étant habité par son personnage aussi passionné que dément face à un Robert De Niro saisissant dans le rôle de la créature.
Sans aucun doute moins kitch que Boris Karloff, l'acteur endosse pourtant avec réalisme et conviction la peau de ce monstre créé de toute pièce au maquillage impressionnant. On retiendra également la candeur incarnée par Helena Bonham-Carter ainsi que l'excellent Tom Hulce en apprenti désespéré ou encore John Cleese, méconnaissable en sombre professeur dans un rôle aussi court que mémorable. On tombe donc immédiatement sous le charme de cette retranscription rigide, envolée, aux airs à la fois gothiques mais poétiques. Et si Kenneth Branagh intègre à l'histoire une originalité qui peut-être perçue de trop (la fiancée de Frankenstein remise au goût du jour), le long-métrage s'avère passionnant du début à la fin.