L'arrivée d'un jeune soldat français dans un village Allemand venu se recueillir sur la tombe d'un soldat du Reich, ses pleurs, sonnent comme une provocation pour cette nation blessée où les prémices de la rancoeur et du totalitarisme se font sentir.


Le noir et blanc rend les histoires plus belles, c'est certain. Il fonctionne surtout à merveille pour raviver le drame d'époque. Ici, le décor est planté en pleine Allemagne d'après guerre (la 1ère), soit un cadre qu'on n'a pas l'habitude de voir au cinéma, et çà c'est déjà un point positif. On découvre ainsi de l'autre coté du miroir une nation toute aussi ravagée par la guerre.


Le découpage des scènes :
Le film est très nettement découpé en deux parties, forcément inégales, ce qui engendre un double problème : La première, en Allemagne, est d'une longueur affligeante, et peut se suffire à elle même. La seconde, en France, est le véritable miroir de la première, mais bien que pouvant sembler la singer de bout en bout, j'ai aimé la voir plus fine et plus acérée.


Les acteurs :
Le jeu de cette jeune Paula Beer est incroyable. Plus les minutes passaient, et plus elle accapare le regard du spectateur, bien aidée par un scénario qui lui fait la part belle jusqu'à en devenir féministe ! Quand à Niney, il est égal à lui même, toujours aussi bon, il va jusqu'à la surenchère de sentiments : s'il semble parfois passer à coté de son rôle, il est lui aussi rattrapé par le scénario : son personnage est lui aussi une déception. Les personnages secondaires sont tous plus réussis les uns que les autres, à l'image de parents de Frantz. Quand à lui, de qui le film tire pourtant son nom, s'il brille par son illustre absence physique, il est de toutes les lèvres.


La photographie et la musique :
Incroyable au delà d'un noir et blanc fort à propos, elle se révèle à la fois douce et lumineuse à regarder, presque en contraste avec la rudesse du propos.
La musique, elle aussi d'époque, à coup de violons solitaires et de pianos poussiéreux, participe de ce retour dans le passé à merveille.


Le noir et blanc :
Parfait pour mettre dans l'ambiance, Ozon ne le conserve cependant pas pour toute la durée du film. Il utilise le fondu en couleur dans certaines scènes, particulièrement joyeuses, mais qui accompagnent surtout le mensonge des personnages, qu'il soit envers eux mêmes ou les autres. Appuyant à la limite de l'exagération sur ces moments de bonheur altérés, Ozon évite de tomber sur le mélo facile, lui préférant le mélo à l'ancienne.


CONCLUSION :
Mélo à l'ancienne, ravivé par de belles couleurs et une histoire larmoyante dans le bon sens du terme, Frantz est un bon film, quoiqu'un peu lent dans sa première partie, mais il finit par doucement nous emporter.

Jb_tolsa
7
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le 6 oct. 2016

Critique lue 363 fois

Jb_tolsa

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