Si vous attendez de Free Fire un film de haute volée dit de série A, passez votre chemin, même si, de nos jours les films de série A sont à mon sens en voie de disparition. Bref, c'est une série B. C'est à dire un film purement de genre, à savoir le film d'action. Ainsi le respect du crédible n'est pas au rendez-vous. Nos personnages sont dotés d'un nombre de balles incalculable alors que plusieurs ne disposent même pas d'un semi auto mais d'un revolver (6 balles grand max on est d'accord), aucun n'utilisera les fusils d'asseau pour se débarrasser de ses ennemis alors qu'il aurait pu ainsi raser tout le monde (mais y'aurait plus de film, et en plus le mec n'aurait eu aucun honneur).
Pourtant, le code d'honneur des gangster va vite s'effacer. On se tire dans le dos, entre amis, on tire sur la seule femme présente, des snipers apparaissent pour biaiser l'affaire, et deux personnages virent littéralement au trollage de base, en bref on se lâche.
Free Fire est ainsi un film jouissif et généreux qui ne se préoccupe pas d'offrir une peloche avec un fond social (contrairement à la majorité des films anglais) ni d'essayer de donner une quelconque profondeur à son histoire. Certains y verront un Reservoir Dog version british et c'est peut-être bien le cas, mais c'est aussi et surtout un film généreux, une série B faisant honneur aux années 70 années dans lesquelles l'histoire du film s'inscrit.
Personnellement je l'ai préféré largement à High Rise. Là où ce dernier se voulait auteurisant, en s'attaquant à un roman d'un auteur majeur de la SF et au sujet complexe et casse gueule de la folie. High Rise était bancale et pas maîtrisé bien que ambitieux. A l'inverse, Free Fire n'a d'autre ambition que nous divertir et nous amuser, ce qu'il réussit à merveille. Les personnages sont clichés mais s'avèrent plus profond, les acteurs sont diablement bon, l'humour un peu trash et avec cette noirceur toute anglaise.
Mais surtout, Free Fire est sadique et méchant, avec deux personnages jouant un rôle de troll complet, si en accord avec notre société. On pourrait y voir un échange banal sur les réseaux sociaux où chacun se tire dans les pattes et où les amitiés et associations ne tiennent plus, où le tissu social s'effondrent, et où seuls les nihilistes peuvent l'emporter, quoi que, toute victoire sera de toute façon vaine. Autrement dit, le film est plus qu'une série B réussit, et appartient à cette classe de film si appréciable de films qui en disent plus long qu'il n'y paraît.