Je l’aime bien ce Ben Weathley. Oui, ça c’est indéniable… Et si je l’aime bien, c’est parce qu’il tente toujours quelque-chose dans ces films. Soit il tente quelque-chose d’un point de vue formel, soit il se risque à explorer une forme de politiquement incorrect qui me plait bien… Mais bon, d’un autre côté, force est de constater que je rencontre très vite les mêmes limites avec ce bon vieux Ben, et malheureusement ce « Free Fire » n’échappe pas à la règle. Parce que bon, OK c’est cool d’assister à une vraie démarche de film de genre qui ne se prend pas trop au sérieux et qui essaye de partir dans un grand trip formaliste. Mais franchement, il faut aussi savoir être à la hauteur de ses ambitions. Vouloir faire tenir un gunfight en huis-clos sur une heure et demie, c’est certes culotté, mais encore faut-il être capable de remplir. Or, là – je suis désolé – mais au bout de vingt / trente minutes, j’en suis déjà à regarder ma montre pour me demander ce que le film va bien pouvoir être en mesure de proposer de plus que ce qu’il a déjà montré au départ. Et le problème, c’est que chaque minute qui suit ne fait que démontrer ce qu’on était en droit de redouter le plus, c’est-à-dire que – non – il n’y aura décidemment rien de neuf ni d’intéressant sur toute l’heure restante. Et franchement, quand il n’y a plus aucun centre d’intérêt, une heure c’est long, très long, surtout quand c’est répétitif… Le problème c’est que je trouve qu’en plus, rien ne marche vraiment dans ce film. Certes, techniquement c’est convenable, mais les choix d’écriture et de ton pour moi sont totalement contre-productifs. Je peux comprendre qu’on veuille construire ce gunfight autour de toute une bande de branques au vocabulaire et aux motivations simplistes, mais le problème c’est que je ne vois pas comment on peut se prendre d’intérêt et d’empathie pour eux, si bien que lorsque la fusillade commence eh bah… en fait on s’en fout un peu qu’ils se tirent dessus… et cela parce qu’on s’en fout d’eux en tant que personnages ! Autre choix déstabilisant : ce ton absurde et presque nanardesque. Encore une fois ça aurait pu s’avérer malin si cela avait permis de justifier quelques absurdités, mais là ça n’a été suivi d’aucune fantaisie véritable, si bien que du coup n’en est ressorti qu’un côté ridicule et fade qui a accentué chez moi mon détachement à l’égard des personnages et de l’action. En somme – il n’y a pas à redire – moi je trouve vraiment ce film mal écrit, mal pensé et mal fichu. Je n’ai pas cru aux enjeux de l’échange qui est à l’origine de la fusillade. Je n’ai pas ressenti la tension monter avant l’explosion du gunfight. Je n’ai pas été saisi non plus l’esprit déchaîné ou foutraque de cette confrontation interminable. Alors OK, c’est vrai que Weathley sait que tout cela est ridicule ; que tout n’est qu’un prétexte ; et qu’il en joue. Mais bon voilà quoi… Un film peut tenir combien de temps sur un postulat comme ça ? Pour moi ça me parait tellement évident que ça ne peut pas durer une heure et demi ! Désolé mais comment peut-on imaginer que personne ne se lassera de voir une demi-douzaine de protagonistes dont on a rien à faire se prendre des balles comme s’il s’agissait de simples cure-dents qui piquent et qui font boiter après ?! Mais zéro tension quoi ! Zéro intérêt ! Zéro dynamique ! Ralalah… Enfin bref, vous l’aurez compris, malheureusement je crois que je ne suis pas prêt de m’en sortir avec Ben Weathley. « Kill List », « Touristes », « High Rise « et maintenant ce « Free Fire ». Plus le temps passe et moins l’ami Ben ne semble préoccupé par la nécessité de développer, de durer, d’enrichir… Dommage parce que je l’aime bien ce gars… Vraiment… Mais bon… J’avoue qu’un jour ce serait quand même chouette que j’aime vraiment un de ses films…