On ne fait pas de victimes sans casser des œufs

Papa, maman, le p'tit à l'arrière, le bateau sur la remorque, musique classique sur la route, enfin les vacances, quoi de mieux que de rejoindre sa maison de campagne au bord du lac, parties de golf et jeux en famille au programme, ce séjour s'annonce des plus charmant... jusqu'à l'arrivé de deux jeunes en short.


Michael Haneke choque avec un thriller malsain et joueur, il prend tout le temps qu'il veut pour nous faire suivre et subir le sort de cette famille tranquille, qui voit deux jeunes sans aucun doute fils de bourgeois ennuyés du quotidien s'incruster chez eux pour jouer à un jeu sanglant.
Aucune musiques mise à part celles en voiture au début et ce morceau hard rock qui hurle et promet un moment jouissif, tout n'est que souffrance et amusement dans ce huis clos des enfers. Michael Haneke ne sais et ne veux pas édulcorer une histoire et c'est tant mieux, car ça peut aussi bien choquer qu’impressionner, une fois encore l'hyper réalisme voulu par le monsieur se fait ressentir, peut être même plus que jamais. En plus de cela, il s'amuse à travers les personnages des deux cinglés à parler au spectateur face caméra, comme une provocation à laquelle on ne pourrait rien faire. Il y'a donc deux moyens de vivre cette expérience, soit souffrir avec cette famille et rager devant ces imbéciles, soit jouir de la situation, car au final, que veut-il nous faire ressentir ce film ? Le dérangement, l’indifférence ou l'amusement ?


Quoiqu'il en soit, c'est à travers une mise en scène patiente et cruelle que nous plongera Haneke, il n'y va à aucun moment avec le dos du club de golf, sang, sueur, salive, honte, humour même, comme cette scène avec la télécommande à la fin, sorte de faux espoir bien salaud. Ici seul l'espoir est permis, car comme tout bon citoyen, on a envie de voir gagner les gentils à la fin... ou pas d'ailleurs, mais la justice est-elle de ce monde, réellement ?
Ulrich Mühe en père de famille à chemise, privé de son droit de domination à cause d'une jambe bien abîmée, doit laisser le sort de sa famille entre les mains de sa femme qui est sans aucun doute celle qui évolue le plus dans l'histoire, Susanne Lothar. Stefan Clapczynski en gamin apeuré accompagne dans cette folie ses parents face aux deux têtes à claques dérangées Wolfgang Glück et Frank Giering. Un casting impeccable.


En bref, Funny Games est un moment jubilatoire et terrifiant car tellement probable et crédible, ça pourrait arriver à n'importe qui, sans détours ni esbroufes, Haneke filme la violence à crue en oubliant pas de critiquer la bourgeoisie intouchable et la jeunesse irréfléchie, un massacre culte.

-MC

Écrit par

Critique lue 948 fois

8
1

D'autres avis sur Funny Games

Funny Games
Sergent_Pepper
7

Eye can’t get no Satisfaction

(contient des spoils) Quelques années après son film, Michael Haneke expliquait en entretien qu’il regrettait qu’il soit devenu culte pour de mauvaises raisons. Thriller réputé pour sa violence...

le 25 mai 2020

64 j'aime

4

Funny Games
Gaor
10

Vous n'auriez pas des oeufs ? C'est pour la voisine.

Ce film ne peut se regarder sans un décryptage. Car lorsqu'on a compris qu'Haneke joue avec ton rapport à l'image, ton incapacité à t'en extraire et sa facilité à te choquer, faire de toi une...

Par

le 19 mai 2010

62 j'aime

5

Funny Games
toma_uberwenig
3

Moralisation et malhonnêteté

Haneke n'assume pas son film et travestit son propos via un discours faible et donneur de leçons, jouant des artifices moralisateurs pour masquer le fond du film. D'autres s'y sont essayé auparavant,...

le 7 avr. 2011

58 j'aime

35

Du même critique

Mad Max - Fury Road
-MC
10

WHAT A LOVELY DAY !

Voilà que le film se fini, les lumières se rallument, ni une ni huit je fonce rejoindre mon Interceptor (ouais enfin ma punto quoi, un peu d'imagination !), je démarre le moteur et v'là qu'il...

Par

le 23 mai 2015

57 j'aime

7

Interstellar
-MC
9

Quand vient l'espoir

Vous connaissez "Interstellar" ? Un petit film peu connu réalisé par Dolan ou Nolan je ne sais plus, non parce que moi je l'ai trouvé très sympa et j'aimerais qu'il soit plus connu. Non sans...

Par

le 17 nov. 2014

57 j'aime

31

Once Upon a Time... in Hollywood
-MC
10

Mélanchollywood

Tarantino a déclaré il y a quelques années, en parlant des films Western et donc forcément de Sergio Leone, que d'après lui, on ne peut se prétendre réalisateur de Western qu'une fois qu'on en a...

Par

le 14 août 2019

53 j'aime

36