L'odyssée
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Un documentaire primé sur un problème d'actualité qui ne prend pas le chemin de se résoudre prochainement, il fallait s'attendre à ce que ça plombe un peu la soirée. Mais à ce point... Quelques habitants de Lampedusa, à 110 km de l'Afrique, mènent tant bien que mal leur vie quotidienne tandis que débarquent des milliers de pauvres hères hagards, frigorifiés, terrifiés et affamés sur leur petite île. Le film n'aborde pas du tout le problème de l'après et évite ainsi toutes les polémiques qui nous empoisonnent la vie politique contemporaine. Il s'en tient à coller au plus près la réalité. Et cette réalité est parfaitement schizophrène. D'un côté des italiens modestes, qui écoutent des chansons anciennes en touillant leur tambouille ou galopent dans la campagne pour dénicher des oiseaux. De l'autre, leurs homologues africains entassés sur des rafiots et livrés à la fatalité, et au bon vouloir des autorités européennes. On avance tranquillement dans les jours qui passent, entre la pêche, la radio locale et le cabinet du médecin, à un rythme de sénateur qui pourrait rappeler un livre de Pagnol, le soleil en moins. Et d'un coup, l'émotion d'un médecin saute à la gorge. Parce qu'il en a vu, des horreurs, le gars, et qu'il tente de mettre des mots simples dessus, pour ne pas nous effrayer, mais qu'il ne parvient pas à masquer l'effroi qui l'étreint. Plus tard, à la fin, ce sont les regards d'épouvante de femmes brisées et résignées qui achèvent de nous saper à la base. Voilà, nous, pendant ce temps-là, on écoute nos "responsables" politiques disserter sur notre incurie de citoyens en matière de proactivité économique. Au final, on hésite entre accablement et rage. Et ça n'est pas le spectacle désolant de ces petits garçons qui jouent à tirer à l'arme imaginaire sur tout ce qui bouge qui pourra nous rassurer sur la nature véritable de notre impact sur le monde.
Créée
le 21 sept. 2018
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