Fury
6.7
Fury

Film de David Ayer (2014)

En mai, "Sabotage" sortait sur nos écrans et ce fût une énorme déception de la part du réalisateur et scénariste David Ayer, surtout par rapport à ses films précédents : Bad Times et End of Watch. 6 Mois plus tard, il débarque avec "Fury" et rassure, sur sa capacité à porter une grosse production sur ses épaules, mais surtout de sortir de sa zone de confort : un duo de flics dans les rues chaudes de LA. N'oublions pas, qu'il est aussi le scénariste de "Training Day".

Durant 24h, en Allemagne, à la fin de la deuxième guerre mondiale, on va suivre le tank Fury et les 5 soldats qui composent son équipage : Don Collier (Brad Pitt) le chef, Boyd Swan (Shia LaBeouf) le croyant, Trini Garcia (Michael Pena) le latino, Grady Travis (Jon Bernthal) et Norman Ellison (Logan Lerman), le bleu qui débarque dans cette équipe et qui va nous faire découvrir la guerre et ses horreurs, à travers ses yeux.

Même si l'époque, le lieu et le contexte sont différents, David Ayer est tout de même en terrain connu. Les rues Allemandes sont aussi dangereuses que celle de LA. Les hommes sont toujours les personnages principaux de son histoire, tout comme leurs côtés obscurs.
Mais on y trouve aussi une évolution, s'il reste efficace dans les scènes d'action, d'un réalisme époustouflant, à la tension extrême. Il sait aussi prendre le temps de mettre en place son sujet, le char Fury, n'étant qu'une excuse pour démontrer encore et encore, que la guerre est une horreur, que ceux qui la font, n'en sortent pas indemnes aussi bien physiquement, que psychologiquement et que finalement, ils ne sont que de la chair à canon, que ce soit d'un côté ou de l'autre.
Les pamphlets contre la guerre sont légions : Johnny s'en va-t'en guerre ou Les sentiers de la gloire. Si celui-ci est bien loin de ses classiques, il n'en a pas moins, une force et une émotion, qu'il prend le temps de faire naître dans l'esprit du spectateur. Durant la première heure, l'histoire se déroule, sans vraiment être passionnante. On observe ces hommes, aux tempéraments différents, tout en attendant qu'à tout moment, la mort frappe. Même si elle semble, un peu vide, cette première heure met en place, la suite, en lui donnant plus d'intérêt, au travers de cette sublime et tragique scène chez les femmes allemandes. Sans sortir du contexte violent de la guerre, cette interlude salvateur, nous remet rapidement dans la réalité du moment et offre une émotion qui prend aux tripes et ne nous lâchera plus jusqu'à la fin.

David Ayer choisit de nous faire découvrir cette guerre, avec les yeux de Logan Lerman. Sa jeunesse et son regard naïf au début, va s'assombrir à la vue des cadavres. Cela nous permet aussi de nous identifier à celui-ci, de faire en même temps connaissance avec ses coéquipiers et ce char d'assaut.
Logan Lerman ne cesse de m'épater, en dehors de Percy Jackson, il excelle dans le beau et émouvant "Le monde de charlie", comme dans le navrant "Noé", ou il est le seul à surnager. Face à Brad Pitt, il est impressionnant, lui volant même la vedette et pourtant, celui-ci est comme souvent, bon. Le duo dominant leurs trois partenaires, certes leurs rôles sont moins conséquents, mais ils sont parfois dans l'excès, surtout Jon Bernthal, à la limite d'être pénible. Shia LaBeouf se camouflant avec sa moustache, mais n'apportant pas vraiment grand chose. Il reste Michael Pena, qui représente les latino-américains, souvent oubliés dans les productions abordant la deuxième guerre mondiale. Toujours impeccable, avec le peu qu'on lui donne, c'est un joueur d'équipe, comme le démontre son rôle.
Pour eux, c'est le meilleur job de leurs vies, ils sont dévoués corps et âmes à Brad Pitt et leur char. Ils se raccrochent à celui-ci, c'est leur seul raison de vivre et de survivre. On ne connait pas leurs vies avant la guerre, on sent juste qu'ils sont sans attaches, ne parlant jamais de leurs familles, ne possédant pas de photos ou objets personnels, seul la bible guide Shia LaBeouf. Ils sont liés jusqu'à la mort. Ils espèrent peut-être qu'elle arrive. Ils ne semblent pas avoir d'avenir. Ils n'ont pas de rêves. Ils font la guerre et rien d'autres ne comptent.

Le film manque un peu d'émotions, de gueules cassées. Malgré la boue, l'absence de soleil et la froideur de la photographie, cela reste un peu trop propre, comme le visage poupin de Logan Lerman ou de Brad Pitt. David Ayer continue de construire une filmographie consistante, son "Fury" semble plus mature. Il affine son art, aussi bien à la caméra, qu'à l'écriture et devient film après film, un réalisateur majeur.
easy2fly
7
Écrit par

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le 29 oct. 2014

Critique lue 368 fois

4 j'aime

Laurent Doe

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4

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