Fury, un énième film sur la seconde guerre mondiale me direz-vous ? Peut-être, mais une jolie surprise à voir. Fury, c’est le surnom d’un tank, un nom de code, la mission d’un groupe de GI’s évoluant en territoire allemand ayant pour objectif la prise de Berlin. Avec le sergent Pitt à leur tête, ces soldats vont évoluer sur leurs tanks à travers la campagne et les villages germaniques, confrontés aux troupes ennemis, et aux populations résignées.
Fury, c’est en quelques sortes un huis clos se déroulant sur un tank. C’est la bonne idée du film, un angle d’attaque séduisant choisi par David Ayer. Il filme ainsi ses acteurs, plans resserrés, lumière sombre, pour être au plus près de leurs angoisses. Il filme la guerre sans compromis, dans ce qu’elle a de plus brutal et d’horrible, ne craignant pas les images difficiles. Le film donne lieu à des instants de forte tension, comme cette scène mémorable de bataille entre les 4 tanks alliés, et un tank Tigre ennemi. Mais il nous laisse aussi reprendre notre souffle, en particulier lors d’une scène centrale de rencontre entre ces soldats américains et deux femmes allemandes chez qui ils s’invitent. David Ayer met en scène un scénario très linéaire et alterne les rythmes, scènes intimistes et plus spectaculaires avec fluidité.
Le compositeur Steven Pryce poursuit l’expérimentation déjà amorcée dans Gravity, certaines sonorités n’étant pas sans rappeler le score de son précédent film. Si ce style peut a priori surprendre, on ne pourra pas lui reprocher de tomber dans le cliché d’écriture des musiques de films de guerre, où les trompettes raisonnent souvent comme lors des commémorations. Ici, la musique se veut à la fois oppressante, électronique, mais aussi mélodique, avec la sensibilité de quelques touches de piano discrètes. Osé et novateur, une réussite.
Alors, certes, si le message du film est certes convenu – la guerre, c’est mal – Fury nous semble plutôt inédit dans ce qu’il nous propose, ou plutôt dans sa manière. Assurément l’un des meilleurs films de l’année 2014.