Film de guerre d’un réalisme peu habituel sur une période peu racontée : l’effondrement de l’Allemagne en avril 1945. Bizarrement, des Soviétiques, il n’est question à aucun moment (quelques 20 millions de morts tout de même…), et l’on a l’impression que ces braves Etasuniens ont libéré l’Europe à eux seuls…
Brad Pitt est parfait comme d’habitude, mais le film reste un film de grosse propagande : les Allemands ne dépassent jamais le stade de silhouettes (pendant 2h14) et n’ont jamais droit à un seul pauvre gros plan qui les humaniserait (sauf si ledit Allemand porte un masque, auquel cas le gros plan parvient à faire grandir la terreur sans montrer l’humanité du Teuton – de toute façon c’est bien connu que ces gens-là n’étaient pas des êtres humains mais des monstres à condamner sans nuance et à liquider en gros, comme à Dresde). Les Allemands tirent fort mal, contrairement aux Américains qui parviennent à 5 ou 6 à exterminer toute une escouade ! Au prix certes d’un immense et généreux sacrifice, of course, puisque tous y passent sauf le plus jeune, le "bleu" de service (gross ficelle scénaristique pour faciliter l’identification du spectateur et l’exposition de la situation, un peu dépassée depuis les années 60). Ce bleu-là avait la faiblesse de croire, au début du récit, que les Allemands étaient aussi des hommes, et qu’il était immoral d’exécuter les prisonniers désarmés. Heureusement, son "arc dramatique" (comme on dit dans les manuels de scénario étasuniens) le conduira à reconsidérer ses positions à la fin, lorsque l’esprit Yankee sera descendu sur lui – qui dézinguera dès lors tout ce qui bouge et cause allemand.
Bref rien de nouveau sous le soleil, à part la goritude inusitée de cet opus qui n’a d’épique que la violence.