Après cinq films à l'atmosphère policière, dont quatre se déroulant dans sa ville natale à Los Angeles, David Ayer à des envies d'ailleurs (ouep j'avoue elle est facile). Là où son Sabotage, sorti quelques mois auparavant, traitait d'une équipe de la DEA à la dérive et en pleine destruction. Fury ne cesse de rassembler ses protagonistes, aussi extrêmes que soient leurs différences.
Le métrage, écrit et réalisé par Ayer, est une véritable réussite du genre. Enfin un film de guerre digne de ce nom ! Pendant un peu plus de deux heures on voyage avec l'équipage d'un char Sherman en Allemagne à la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Les alliés sont débordés techniquement face aux machines de guerre allemande, mais à l'intérieur d'un char il y a des hommes ! Et notamment le sergent Collier, interprété par un excellent Brad Pitt. Le reste du casting est sans fautes notes, Shia LaBeouf a sans doutes l'un des meilleurs rôles du film et Ayer retrouve le sympathique Peña après End of Watch (j'aurais bien vu un petit Jake d'ailleurs :mrgreen: ).
La réalisation nerveuse typique du réalisateur est toujours bien présente. Le film alterne les scènes de combat intenses, haletantes et rythmées par un montage à la baguette avec d'autres plus calmes, posées et pleine de tension. Adapté d'une histoire vraie, le scénario livre une belle narration mais se permet tout de même quelques fautes de gout. A l'image de ce bombardement faisant suite à la superbe scène de repas entre soldats américains et femmes allemandes.
Fury est un film de guerre brutal et sans concession dans sa façon de la narrer mais aussi de la montrer. Nombreux sont les plans sanglants, un point positif dans ce cinéma toujours plus édulcoré, mais peut-être un poil exagéré. Comment ne pas se poser la question devant ces plans accentués, à la limite du gore. Mais on connait le monsieur, la violence fait partie de son univers (South Central reprezent). Le film est magnifié par son nouveau directeur photo attitré, Roman Vasyanov (End of Watch, Fury, Suicide Squad). Une photo sale, ultra contrastée, classique pour un film de guerre mais qui se permet des écarts graphiques superbes. A l'image de son final aux portes de l'Enfer rappelant celui de Skyfall, dans son environnement à feu et à cendres.
Comme tout vrai film de guerre, c'est avant tout une histoire d'hommes. Ici encore plus puisque les cinq protagonistes peuplent les quelques mètres carrés du char surnommé Fury. Ils plaisantent ensemble, mangent ensemble, se préparent ensemble, prennent peur ensemble, se battent ensemble, se soutiennent, pleurent et meurent ensemble.
Chacun a son rôle dans la machine, mais tous sont complémentaires. Les hommes sont plus importants que la machine qu'ils peuplent, le duel avec le tank allemand et le final en témoignent.
Humainement Ayer livre un témoignage fort. La scène d'exécution du soldat allemand par le jeune Norman est extrême à mon gout mais ne cherche qu'à représenter l'état d'esprit du sergent, tout aussi dégouté que Norman mais prêt à tout pour garder ses hommes en vie. L'important c'est de garder son caractère, ses convictions, tout en les mettant de côté pour survivre et protéger ses camarades. Tel est la devise du film. Ces hommes prêt à oublier leur culture: Peña qui se fait taquiner quand il parle sa langue maternelle. Leurs convictions: LaBeouf et Lerman et la religion. Tout comme Brad Pitt qui se révèlera en identifiant un verset biblique alors qu'il se moquait de LaBeouf. Des hommes qui tentent d'oublier mais qui finissent parfois par craquer, à l'image de Bernthal dans son rôle de soldat violent, vulgaire et bourru.
Fury est un film honnête, sans réel surprise, mais terriblement efficace et réaliste dans sa vision de la guerre et de ceux qui la font.
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