Fury
6.7
Fury

Film de David Ayer (2014)

"Fury" a été, pour moi, une terrible déception. Je m'attendais à quelque chose de grand, de puissant, à quelque chose qui ne serait pas que spectaculaire. Mais, malheureusement, le tout souffre de petits détails gênants, ainsi que de défauts importants. Pour commencer, il faut bien avouer que ce qui manque le plus à "Fury", c'est le réalisme. Explications.


Si David Ayer est célèbre pour ses talents de metteur en scène, il l'est, par ailleurs, beacoup moins en ce qui concerne son talent de scénariste. Et je pense foncièrement que ce n'est pas pour rien si l'on ne le retient pas pour cela. Concentrons-nous donc sur sa manière de réaliser, pour ensuite mieux parler de la rédaction du truc.


Il faut l'avouer, c'est esthétiquement magnifique, pour ne pas dire que le tout s'avère d'une renversante beauté. David Ayer signant sûrement là sa meilleure réalisation à ce jour, je pense que l'on peut le féliciter sans réserve. Et pour cela, je pense qu'il est un artiste à surveiller : sortant d'excellents films daction ( le seul visionnage de "Sabotage" pourra en convaincre la plupart ), il pourrait s'imposer, dans les années qui viennent, comme une véritable référence dans le milieu.


Le tout étant qu'il a un réel sens des images; beaucoup seront ainsi d'une beauté rare. Seulement, vient à présent le problème de l'écriture, qui plombe complètement tous les efforts de mise en scène mis en oeuvre par l'artiste; et le plus ironique dans tout cela, c'est que c'est Ayer lui-même qui gâche son propre travail. Allez comprendre ...


Son écriture frôle le catastrophique, car sauvée par un ou deux bons moments d'écriture et de tension. L'on tient peut-être là l'une des pires rédaction que j'ai pu voir dans le genre. Bourrée d'incohérence, elle annihile constamment la qualité esthétique du métrage, m'amenant à ne plus pouvoir regarder l'oeuvre sans me dire que telle ou telle chose ne va pas.


Au final, c'est un réel handicap que se coltinne le métrage, un poids qu'il lui faut porter, mais qui pèse trop lourd pour être ne serait-ce que soulevé. Alors on observe, on se questionne, on se déttache jusqu'à finalement n'en avoir plus rien à faire, au point de ne le regarder plus qu'en pilotage automatique, entre un jeu sur le portable et les notifications sens-critique. En gros, cela devient vite lassant.


Le problème vient, je pense, du fait qu'Ayer est bien meilleur réalisateur que scénariste. Car contrairement à ce que l'on pourrait penser, l'écriture, teintée d'une imagination débordante et de bonnes idées, c'est un don que l'on acquiert au fil du temps, mais de manière longue. Il faut être patient, et constamment corriger ses fautes. Sauf que l'on ne peut pas s'improviser scénariste ( ou au même titre écrivain ) du jour au lendemain.


Un peintre pourrait-il peindre un chef-d'oeuvre, et commencer, le lendemain, l'écriture en nous fournissant un nouveau chef-d'oeuvre, mais cette fois ci de la littérature? Non, c'est impossible. Alors, l'étonnement ne doit pas venir nous chatoyer aux vues du résutlat final. De plus, je pense sincèrement qu'Ayer, très influencé par la culture geek, a voulu se faire son propre jeu de guerre.


Il s'est tapé un délire, s'est fait son kiff à lui. Il ne sera donc pas surprenant de constater que ce "Fury" n'est en fait qu'une adaptation cinématographique de "Call of Duty", célèbre saga vidéoludique. Il applique donc une logique de jeux vidéo : les soldats ennemis ( et par définition même allemands ) arrivent par centaines et par vagues de dix, sans aucune réflexion, constituant une ia réelle, une intelligence artificielle/organique d'une profonde débilité, tellement que l'on ne peut point réellement parler d'intelligence.


Le récit est donc étonnement linéaire; l'on sait dès le début que les héros ne mourront pas avant la fin, otant tout suspens à l'oeuvre ( en même temps, quand tous les chars autour d'eux meurent et que le leur est touché par trois fois sans même en souffrir, il sera difficile pour la tension de s'installer parmi nos rangs ), un récit qui trouvera l'apothéose de son invraisemblance sans sa dernière bataille, à la fois efficace et convenue.


Et pour ce qui est des effets spéciaux, j'ai clairement eu l'impression de me trouver dans un "Star Wars", ou un truc comme cela : les tirs verts et rouges, c'est pas trop ça, sur un champ de bataille. Et c'est dommage, parce que l'interprétation est très bonne ( notamment Jon Bernthal, sacrée surprise ), et l'ambiance, poisseuse, sale et foutrement réaliste, est des plus réussies. Seulement voilà, Ayer a complètement foiré son écriture, et par delà même son film. Noyé de clichés et d'invraisemblances, il n'est pas parvenu à sortir la tête de l'eau.

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le 6 déc. 2015

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FloBerne

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