L’échec que représente Gaston Lagaffe version 2018 tient à deux bémols qui le contraignent à jouer faux du début à la fin : son comique d’ensemble et son acteur de tête en particulier. Car si Pierre-François Martin-Laval réussissait, dans son adaptation des Profs, à dépasser la saynète rigolote pour construire un comique sur le long terme dont la finalité, du point de vue du récit, était l’obtention du baccalauréat – un compte à rebours fort efficace, voyez Les Sous-Doués de Claude Zidi –, ici rien ne lie ensemble les petits sketchs qui se suivent comme montés sur une chaîne de montage industriel. Ça manque de liant, on a l’impression de tourner à toute allure les pages d’un best of Frankin et n’en retenir que le plus impressionnant, le plus gratiné. En résulte une surcharge de chaque instant, puis une overdose comique qui a l’effet inverse à celui recherché : l’agacement. Ce défaut comique est amplifié par son acteurs principal, Théo Fernandez, qui, s’il se donne beaucoup de mal pour ressembler à Gaston et épouser sa nonchalance, ne colle tout simplement pas au personnage, ou alors s’avère dépourvu de charisme. Dommage, car les autres acteurs sont plutôt bons, à commencer par le réalisateur lui-même.


Concluons toutefois sur une note positive : la mise en scène de Martin-Laval redonne vie à l’esthétique de la bande dessinée avec talent et inspiration : mouvements de caméra fluides, sens du cadre, travail des couleurs vives, transitions habiles, à l’instar de ce générique de début formidable qui bascule dans la « réalité » (de la fiction) avec une grande subtilité. Gaston Lagaffe ne vaut donc que pour la qualité de sa mise en scène et ses quelques réussites locales, qui ne sauraient malheureusement faire un film.

Créée

le 13 août 2020

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