Pelouse interdite
Josiane Balasko signait avec "Gazon maudit" une comédie drôle et acide sur un thème encore rarement abordé à l'époque dans le cinéma français : l'homosexualité féminine, et sa variante la...
Par
le 21 mai 2015
12 j'aime
15
Une éternité que je n’avais pas vu ce film dont je gardais un assez bon souvenir, notamment pour quelques joyeuses scènes entre Alain Chabat et Josiane Balasko. Je m’attendais pour tout dire à ce qu’il me donne l’impression d’avoir vieilli.
Or, à ma grande surprise, au delà bien entendu de son esthétique années 80 naturellement très marquée, je vois ce jour un film qui a de la tenue et un regard toujours contemporain. L’humour y est toujours aussi bon, percutant.
Construit sur le bouleversement très violent qu’un macho, un poil arriéré par définition, se voit contraint d’accepter, une véritable révolution dans son existence, le scénario joue sur cette douleur affective et narcissique.
Entre amour et ego meurtri, Alain Chabat aborde son rôle sur une large palette d’émotions. Il le fait avec assez de talent pour ne pas déborder et tomber dans la caricature, bien que ce péril soit si proche d’arriver.
De la même manière, Josiane Balasko campe une homosexuelle très garçonne, mais non dénuée de sensibilité et donc avec une certaine dose de réalisme. D’aucuns diront qu’elle n’était pas obligée de la jouer aussi camionneur rustique, m’enfin, le parti pris résolument comique lui a sans doute commandé d’en rajouter dans le cliché pour heurter davantage son adversaire masculin du moment. Ca peut se comprendre.
Entre eux deux, la sauce espagnole au goût d’Avril printanier signe la Victoria d’une très belle actrice, mêlant sensualité et tendresse, passion et sourires. J’aime beaucoup Victoria Abril, son explosivité, comme sa délicatesse, une grande comédienne. Almodovar ne s’y est pas trompé.
Hors de question d'oublier dans la distribution le superbe rôle attribué à un 4e larron tout aussi festif : Ticky Holgado. Dans les seconds rôles français des années 90, cet acteur a su se faire une belle place. Avec Une époque formidable, peut-être s'agit-il là d'un de ses meilleurs rôles. Très émouvant, son personnage un peu paumé, naïf et gentil, très doux et con à la fois a de quoi toucher. Le comédien rond sait très bien le jouer, ajoutant quelque chose de merveilleusement délicat et qui n'appartient qu’à lui. Comment ne pas aimer Ticky Holgado? Je ne sais pas faire, désolé.
De ce quatuor émane une alchimie pétillante, un dynamisme dans les échanges comme dans l'enchaînement des situations qui assure à l'humour une place prépondérante mais pas non plus systématique : par moments, le film se laisse aller à d'autres émotions, notamment quand les personnages sont désemparés devant leur échec, leur souffrance.
Sur le plan technique ou de la mise en image, Josiane Balasko n'a jamais été une grande cinéaste, mais son film reste un objet très correct, sobre, propre. Rien de notable vient rehausser le film. Rien non plus vient le rabaisser. Balasko filme de façon très académique, sans bavure ni relief. Tout repose sur le talent des comédiens à donner de la vie à un scénario par ailleurs bien écrit, assez riche, vif et émouvant.
captures et trombi
Créée
le 29 mai 2017
Critique lue 782 fois
2 j'aime
D'autres avis sur Gazon maudit
Josiane Balasko signait avec "Gazon maudit" une comédie drôle et acide sur un thème encore rarement abordé à l'époque dans le cinéma français : l'homosexualité féminine, et sa variante la...
Par
le 21 mai 2015
12 j'aime
15
Laurent Lafaye,sémillant agent immobilier avignonnais,passe son temps à sauter sur tout ce qui bouge pendant que Loli,sa charmante épouse,trime à la maison et s'occupe de leurs deux enfants.Jusqu'au...
Par
le 22 avr. 2021
10 j'aime
8
Comédienne ô combien talentueuse et sympathique, Josiane Balasko n'aura cependant pas réussi à convaincre vraiment en tant que réalisatrice, excepté le temps de cette comédie gentiment...
Par
le 2 juin 2012
9 j'aime
Du même critique
Très excité par le sujet et intrigué par le succès aux Emmy Awards, j’avais hâte de découvrir cette série. Malheureusement, je suis très déçu par la mise en scène et par la scénarisation. Assez...
Par
le 22 nov. 2017
54 j'aime
16
août 2012: "Holly motors fuck!", ai-je envie de dire en sortant de la salle. Curieux : quand j'en suis sorti j'ai trouvé la rue dans la pénombre, sans un seul lampadaire réconfortant, un peu comme...
Par
le 20 avr. 2013
53 j'aime
16
En règle générale, les œuvres se nourrissant ou bâtissant toute leur démonstration sur le pathos, l’enlisement, la plainte gémissante des protagonistes me les brisent menues. Il faut un sacré talent...
Par
le 4 sept. 2018
50 j'aime