Dazed and Confused

De Richard Linklater, j'ai énormément aimé la trilogie Before… et le récent Boyhood, et, dans un genre complètement différent, School of Rock. J'aimerais par ailleurs beaucoup découvrir A scanner darkly et Waking life.
J'ai voulu voir Dazed and Confused avant d'aller voir Everybody wants some (qui se veut comme sa "suite spirituelle"), et j'ai eu la chance d'en trouver le DVD à la médiathèque… C'est donc parti pour une "petite" critique.

Dazed and Confused se déroule alors que c'est le dernier jour de classe avant les vacances d'été et, pour certains, l'arrivée au lycée. C'est une sorte de film choral avec de nombreux protagonistes, avec une unité de temps d'une journée et d'une nuit. Une fête tombe à l'eau, des "freshmen" se font bizuter, la fête est sauvée : on boit, on fume, on se bat, on se rencontre… Le film brosse le portrait de ses nombreux personnages sans trop tomber dans la caricature, notamment grâce à des acteurs bien castés : les comédiens ont clairement l'âge de leur personnage et jouent tous très bien et avec un certain naturel. Le film, malgré des thèmes durs (le bizutage est quand même un truc abominable), se veut léger et frais.
Ce sont des jeunes qui font la fête, font des expériences, réfléchissent à la vie et au futur…
A la fin, plusieurs personnages se trouvent changés, quelque-chose s'est passé et ils ne seront plus tout à fait les mêmes.
La représentation de la jeunesse n'est ni angélique (on les voit faire beaucoup de conneries et même faire preuve de cruauté entre eux) ni idéalisante (une "freshman" se fait inviter par des "seniors" à une balade en voiture : l'expédition ne consiste en rien de particulier. Tout le monde n'a pas des loisirs de ouf' !), mais on s'attache à beaucoup de personnages.
Certains pourront être bousculés par la représentation du bizutage, puisqu'on aimerait que le film soit plus explicitement dans la condamnation de ce phénomène, mais ce n'est pas le propos du film : le bizutage existe, c'est un procédé violent et pervers (on se "résigne" à être bizuté, comme si c'était une étape obligée et normale, on s'efforce de ne pas en faire un plat alors que c'est injuste, gratuit, de l'ordre de la violation), admis par tous (peu d'adultes au cours du film s'interposent au bizutage, pourtant public) qui soit-disant permet aux jeunes de "s'intégrer" (une senior à Sabrina : "are you in or out ?") et qui, surtout, fait rentrer dans un moule. Mais le film nous fait suivre le point de vue des protagonistes, pour qui le bizutage existe, un point c'est tout. Il est parfois observé avec distance (les trois personnages assis sur le capot de voiture qui assistent passivement au spectacle) et les arroseurs sont parfois arrosés (de lait, si je me souviens bien) ou affrontent une résistance (Sabrina qui ne veut pas s'allonger à la fête). Restent que les suiveurs (ceux qui bizutent sans mener les opérations pour autant) sont saufs. Enfin, le bizutage n'est heureusement jamais encensé : si Mitch Kramer passe une si bonne nuit, ce n'est pas grâce à ses bizuteurs mais grâce à Randall "Pink" Floyd, qui n'a rien eu à voir là-dedans.

Pour moi, le film se révèle sur sa fin, à plusieurs moments : lorsqu'un personnage explique qu'il n'idéalise pas la période de leur vie en cours, mais, quitte à y être bloqué, tâche d'en profiter comme il peut. A travers aussi le personnage de Matthew McConaughey, qui est déjà dans la vie active mais préfère faire la fête à devenir ennuyeux comme ce flic qui les arrête. Et enfin à travers la rouquine, qui ne veut pas vivre comme si elle n'était que dans le préambule de son existence à venir, mais vivre pleinement le moment présent.

Pour finir, je dirais que j'ai personnellement passé un excellent moment en regardant ce film. La bande originale est excellente, beaucoup de personnages sont très attachants, il est assez amusant de voir Matthew McConaughey et Ben Affleck au début de leurs carrières respectives et et ça m'a presque fait regretter d'avoir été aussi sage durant ma propre adolescence.