Tout roule pour Chris dans la vie, ça oui. Photographe qu'il est et pas des moindres. Sa copine et lui semblent en osmose, bref le pied, seulement voilà qu'une présentation officielle dans la belle famille s'impose après cinq mois de relation et à Chris de grincer des dents. Si cela rappelle de nombreux souvenirs chez chacun, ce qui préoccupe notre héros va être de se retrouver dans une famille blanche lorsque lui est noir et visiblement accoutumé au racisme ordinaire. Qu'à cela ne tienne, Chris est amoureux ; il fait le geste et part rencontrer toute la famille. Très vite, au gré de rencontres d'apparence bienveillantes, le malaise prend place et saisit Chris pour ne plus le quitter...


Je n'en dirai guère plus, tout est déjà malheureusement spolié dans le trailer.


Vanity Fair dit de ce film qu'il est "actuel". Je suppose qu'ils font référence à la problématique du racisme envers les noirs aux États-Unis, racisme qu'on sait toujours bien vivant malgré l'avancée significative des mœurs. Vanity Fair n'a pas vu le film...ou alors ils n'ont rien compris. Non pas que cette question ne transparaît pas dans ce film, loin de là, elle est même assez présente...au début, seulement. Il t'endort ce racisme comme la bande annonce le laisse supposer. Or, ce qui te cueille comme un pauvre petit être manipulé est tout autre. Oh oui, tout autre. Vanity Fair a vu la bande annonce et nous balance quelques mots foireux. Pas terrible. Pas terrible non d'y voir uniquement une œuvre "actuelle" lorsqu'on t'offre une ambiance et une horreur, n'ayons pas à craindre des mots, aussi viscérale. Tout cela pour dire que la couleur de peau n'est que prétexte lorsqu'en sous texte se trame une chose dont vous n'avez même pas idée si Get Out n'est pas encore tombé sur vous et votre regard, à coup de maillet histoire de laisser de vilaines traces...


Se faire peur au cinéma est une émotion tout à fait singulière. Nous avons un synopsis alléchant, une légère crainte au ventre d'aller sursauter deux heures durant. Et il y a des moments comme celui vécu avec Get Out où tu ne regrettes pas d'avoir posé ton cul dans un fauteuil pour aller te faire peur, pour te refiler du frisson bien lancinant, parcourant de part en part l'épiderme, te refiler des chaleurs de pré-ménopausées et le regard écarquillé d'un gamin découvrant la vie.


En sortant de la salle, m'étant rhabillé à la va vite, désir de nicotine oblige, je ne savais trop quoi penser de mon expérience. D'un côté, je me sentais mû par une sensation assez exaltante en me remémorant comment l'ambiance avait su me prendre au piège avec brio, se renfermant doucement mais sûrement à la manière d'un The Invitation. J'avais en tête cette histoire d'apparence simple, dégringolant dans l'angoisse la plus totale, le tout souligné par une réal´ vraiment efficace et accompagné de sonorités des plus grinçantes. En sortant je me sentais encore pris dans ces plans de visages, dans ces expressions suffisamment fines pour le dire sans faire usage de paroles. J'étais encore dans ce jeu entre la caméra et toi, entre les faux semblants et une pragmatique réalité. J'avais tout ça en moi en fin de projection avec néanmoins l'étrange impression de ne pas être tout à fait satisfait, faute à une conclusion peut être expéditive. La tension montait, grandissait, se changeait en ignoble monstre de cauchemar et retomba sèche, presque inerte à mes pieds. Un point négatif qui ne saurait devenir dramatique tant le moment fut bien au delà de mes attentes personnelles.


Get Out fait désormais partie de ces films de genre qui font encore le pari, à mon sens, de la différence, quitte à prendre des risques et de chuter. Point de chute ici, rien que les frissons de l'angoisse, n'en déplaise à l'ami Argento.

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le 4 mai 2017

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Fosca

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