Nous sommes des Dieux prisonniers de notre cocon"

Je ne parlerai pas du double sens de ce film et de la critique de la société intellectuelle raciste décriée dans le film. Je ne m'interrogerais pas sur ce que Jordan Peele, le réal, a voulu montré. Non, je parlerai de l'histoire et des personnages.


Get Out est un premier film. Il est aussi un pari, puis qu’appartenant au très discret genre du survival kills horror. C'est le type de film où le protagoniste, traqué et persécuté, prend les armes contre ses antagonistes et leur met une sérieuse raclée. No one lives (2012), You're next (2011) et American Nightmare 2 (2014), en sont quelques exemples.


Chris, un artiste photographe, rend visite avec sa copine, la délicieuse Allisson Williams, à la famille de cette dernière. Celle-ci accueillante et sympathique, comprend malgré tout un fils psychopathe et des domestiques flippants. A cela s'ajoute, une musique anxiogène et un décor inquiétant, agréé des échos sonores d'un chevreuil écrasé en chemin.
Les personnages se font plus insultants, grossiers et pervers à mesure que le weekend passe. Jusqu'à ce que Chris soit agressé par un des convives, qui lui crie, paniqué: "Get out! get out!!". Dès lors la situation dérape, et le spectateur comprend, en même temps que Chris, qu'il doit s'échapper s'il veut vivre.


Le film s'ouvre sur une scène de kidnapping dans un quartier bourgeois, ce qui installe très tôt chez le spectateur un malaise. Le film n'est pas juste horrifique, il va être flippant. Un de ses films dont on se rappelle longtemps après l'avoir vu tellement il nous a retourné psychologiquement, artistiquement, et intellectuellement. Le premier acte du film se termine en plus violemment lorsque Chris et sa copine renverse un chevreuil. La scène intervient brutalement. Avec l'intervention raciste du policier, Allisson Williams devient d'emblée attractive en prenant la défense de son copain: elle semble sûre, et reposante, et très sexy. Quand le film se termine, et qu'Allisson perd son sang sur le bord de la route, une série de parallèles est mise en place: la figure d'Allisson sanguinolente fait écho à la mort de la mère de Chris, mais aussi à l'agonie du chevreuil. Elle sert également de mise en abîme par rapport à la situation de Chris tout au long du film: douloureusement, elle se retrouve piégée dans son corps. Comme le spectateur face au film. Pendant la deuxième partie, nombreux sont ceux qui ont sursauté ou se sont détournés de l'écran. Dont ma copine et ses amis, pourtant grands amateurs de films d'horreur (d'hab', c'est moi qui détourne les yeux et lui serre très fort la main).


Le film est puissant et d'autant plus inquiétant que les antagonistes ne sont pas des brutes antisémites prônant la supériorité raciale, mais au contraire des intellectuels doués logiques et faussement rassurants.
Je crois que c'est Variety qui a qualifié le film d'actuel. Actuel, c'est sûr, puisque la pratique décrite dans le film existe à savoir la greffe de cerveau. Pour ceux qui ne savent pas, je vous encourage à aller voir la bio de Sergio Canavero, neurochirurgien aux allures de Frankenstein. Du coup, la quête d'immortalité du film n'est pas si SF que ça. Comme déclare le père chirurgien: "

KingArthur
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le 16 mai 2017

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KingArthur

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