Les goûts et les couleurs

Il ne faut pas se fier aux apparences ! Voilà le credo de Get Out qui arrive à parler de racisme d’une manière originale, bouleversant les codes de ce qui devient un genre du cinéma US où le robinet d’eau tiède est l’apanage de scenarii souvent ingénus, rarement ingénieux, d’une question qui mérite pourtant d’être exposée en profondeur.

Get Out tient sa force du fait d’être un film de genre, d’autant qu’on se rend compte que le racisme n’est pas abordé de manière frontale. La menace est floue, on ne sait pas quoi penser des bizarreries auxquelles on assiste, luttant face à nos préjugés et ceux des différents protagonistes aux attitudes aussi chelous les uns que les autres. Cet enrobage somme toute assez frais ne cache néanmoins pas les évidents défauts que l’on peut reprocher au film, à commencer par son sérieux problème de ton.

Vendu comme un film d’horreur, Get Out est en fait un thriller psychologique mais dont on se demande à quel point il se prend au sérieux. Chaque séquence angoissante est désamorcée par un humour malvenu, personnifié par le meilleur pote du personnage principal adepte de répliques grasses et vulgaires. Un membre de Sens Critique1 exprime bien cela en disant que c’était comme si Dick Hallorann dans Shining était joué par Eddy Murphy : ce qui, on en convient, serait l’équivalent d’un coitus interruptus. Le film se morfond ensuite dans un bricolage de codes recyclés qui conduit à des situations ubuesques, mis en scène avec une grandiloquence totalement WTF vers un final ridicule qui fait sourire bien malgré lui…

On comprend pourquoi Get Out était initialement prévu en sortie direct-to-dvd, ce film est une bonne idée remplie de n’importe quoi. Un consommable pourtant pas mal foutu mais avec une crédibilité qui va de mal en pis. À moins que ce soit vraiment du dixième degré ? Get Out a ses raisons que la raison ne connaît pas.