Mr Orange: Ce film m'a amené à me remettre en cause, me prenant à coeur par une interrogation métaphysique, une remise en question de mon moi le plus profond.... que je vais essayer de résumer simplement: pourquoi n'ai-je pas vu ce fuckin' film avant?! Ce film est fuckin' brillant!

Alors pour changer de mon dernier commentaire, voici un film avec Forest Whitaker, avec en compositeur et en guest... RZA. J'avoue que pour F. W. c'était volontaire, mais RZA était une bonne surprise.

Pour situer un peu: F. Whitaker campe – comme un poisson dans l'eau – un tueur à gage solitaire, cultivé. Ses seuls amis sont une tripotée de pigeons, un vendeur de glace qui touche pas un mot d'anglais et une petite fille. Depuis un vieil incident, il dédit sa vie à un mafiosi, se considérant comme "redeveur", un grand respect unis ces 2 hommes que tout oppose. Respecté dans une banlieue pauvre lambda à forte population afro-américaine, il erre le jour en attendant l'heure du crime. Mais surtout, il respecte la voie du samuraï, qui nous est enseigné au fur et à mesure du film, noir sur blanc (littéralement) Et bref... les mafiosi n'ont pas vraiment capich' qu'il faut pas faire chier un mec pareil, et encore moins le prendre pour un pigeon...

Histoire de partir dans toutes les directions: RZA nous délivre une ambiance Hipy-Hop (un malabar à celui qui trouve la référence); un morceau de jazz expérimental vient nous piquer les oreilles; RZA fait profiter aux copains (Wu Tang Clan) sur la BA et en figurants; nombreuses références à "Le Samuraï" de Jean-Pierre Melville parait-il.. j'savais qu'il fallait que je le vois celui-là; nommé à l'époque pour la Palme d'or et le César du meilleur film étranger... parce que oui, je l'ai pas dis, mais y'a des passages en français, c'est bien, ça fait branché (surtout quand le français n'est pas trop dégueux pour une fois)... enfin que en France, semblerait-il...

En parlant de français, nous avons donc droit à des sublimes scènes de dialogue entre notre Ghost Dog, qui parle anglais, et son pote le glacier, qui parle français. Sublimes. Et en parlant de scène sublime... comment ne pas revenir sur LA scène tarentinesque du film – quoi que QT ayant aussi pompé J-P Melville, c'est pas forcément évident – LA scène ultime, où un mafiosi doit expliquer à son parrain pourquoi il connait un noir! C'est simplement jouissif. D'ailleurs, en parlant de Tarentino, il semblerait que J. Jarmush ait baigné dans le même bain cinématographique, avec de multiples références au cinéma de genre (samuraï – forcément -, gangster, western...). Au cas où ce n'est pas clair: les dialogues valent vraiment le détour.

Bon, j'écarte tout doute: ambiance Hip-Hop-yo-negro, des mafiosi, un code samurai... non, ça ne fait pas tâche, du tout. Le truc qui pourrait faire tâche, c'est l'empreinte ciné-indépendant, avec des fondus enchainés, hummm... dégueux?! et une finition en post-prod un peu moyenne... quoi qu'au final c'est presque un gage de qualité, type garage-movie, en imposant direct un style "classe" loin du film hollywoodien lustré.

Indices:
- il y a un jeu-des-sept-une-différences dans les flashbacks revenant sur l'association de Ghost Dog avec son mafiosi... je vous laisse l'interprétation !
- suivre les métaphores faites avec les cartoons.

Bilan: c'est absolument énorme, splendide, groooosse découverte, je valide.... et je vais me jeter de suite sur un autre film du Monsieur ! Faut pas déconner, j'me ferais pas avoir 2 fois!

Citation bonus:
Louie: Jesus, Vinny. You just iced a woman, you know that?
[...]
Vinny: A cop. I just shot a cop. They wanna be equal? I made her equal.
TheMrOrange
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le 18 févr. 2012

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