En 2008, Pascal Laugier nous proposait Martyrs, un film qui a marqué la plupart de ceux qui l'ont découvert de par ses images ultra gores ; un film plutôt bon mais qui était tacitement divisé en deux parties inégales malgré des thèmes très intéressants voire peu communs. En 2018, le réalisateur controversé est de retour dans le cinéma d'horreur violent avec Ghostland.


Attention, cette critique comporte de nombreux spoilers...


Que dire de l'horreur dans Ghostland ? Je vais commencer par quelque chose de négatif, c'est à dire le fait que le réalisateur ai cédé à la mode des jumpscares ! Alors déjà que les jumpscares c'est soulant, ici ils ne sont même pas maîtrisés puisqu'ils ne font pas sursauter. En revanche il y a quelque chose qui fait de l'effet, c'est l'aspect psychologique de l'horreur. En effet, les personnages se font maltraités physiquement et malmenés mentalement au point de se pisser dessus, d'être pétrifiés par la peur et d'avoir le visage complètement déformé par des ecchymoses (d'ailleurs les maquillages sont très réalistes), on ne peut cesser de se demander jusqu'à quand ces jeunes filles vont pouvoir supporter un tel calvaire. Par ailleurs, les deux antagonistes, en plus d'être physiquement flippants sont complètement tarés, leur fétichisme pour les poupées leur donne un côté vraiment malsain. En terme d'image, il n'y a pas trop de scènes gores mais le film ne se retient pas dans la violence, cela est même parfois un peu difficile à supporter. Ghostland est donc un film psychologiquement dure avec une ambiance pesante. De plus la musique du long-métrage se marie plutôt bien avec cette atmosphère.


Le scénario est simple, ça parle de deux sœurs enfermées dans leur nouvelle maison par deux fous qui veulent les martyriser et jouer à la poupée avec leur corps. Mais même avec quelque chose de simple, Pascal Laugier parvient à nous pondre quelque chose d'intéressant. Comme dans Martyrs, ici ce qui est particulièrement original, c'est le concept du film. En effet, Beth s'échappe de son enfer en imaginant une réalité alternative où toute la famille a survécu aux agresseurs ; Beth est écrivain et mariée, sa mère toujours en vie et sa sœur encore traumatisée par les évènements. Ce concept qui a le mérite d'être assez inédit dans le genre permet d'accentuer le caractère psychologique de l'ambiance puisqu'on est plongé dans la tête du personnage. Beth se sert des rêveries pour échapper aux horreurs qu'elle subit et ça fonctionne puisque ça lui évite entre autre de faire le deuil de sa mère ; or ce n'est qu'auprès de celle-ci qu'elle semble se sentir protégée. Bon je sais que je suis chiant mais je ne peut m'empêcher de citer une nouvelle fois Martyrs en me demandant si le personnage principal de ce film n'a pas surmonté toutes les horribles tortures qu'il a subit en se réfugiant lui aussi dan l'imagination. L'imagination de Beth permet également aux spectateurs de souffler un peu par rapport aux scènes d'horreur puisque l'ambiance lors des rêveries est parfois un peu émouvante et permet de cerner les relations entre les personnages donc ces épisodes de réalité alternative ne cassent pas le rythme du film, ou du moins pas de façon négative. C'était intelligent d'inclure Lovecraft comme l'inspiration du personnage principal quand on sait que le réel et l'imaginaire faisaient partie des thèmes utilisés par l'écrivain. Il faut tout de même préciser qu'il y a quand même quelque chose d'assez dérangeant au niveau de l'histoire, c'est la fin qui est beaucoup trop vite expédiée.


Quand j'ai vu le nom de Mylène Farmer au casting, j'ai un peu pris peur mais au final la prestation de la chanteuse est convenable, la star nous offre même une prestation complètement enragée lors d'une scène badass. Enfin, on peut vraiment lire la peur et le désespoir sur les visages de Crystal Reed, Emilia Jones, Taylor Hickson, Anastasia Phillips qui par conséquent ont toutes bien été dirigées. Rob Archer et Kevin Power mettent quant à eux vraiment mal à l'aise et font même un peu flipper.


*Après Grave, La nuit a dévoré le monde ou encore Revenge, Ghostland s'ajoute à la petite liste des films de genre français récents démontrant qu'il faut en réaliser d'avantage. La mise en scène de Pascal Laugier nous donne un résultat globalement efficace au niveau de l'ambiance horrifique ; l'originalité du concept est un réel plus qui a bien été exploité.*

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le 19 nov. 2018

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