Voyez comme elle danse ! Lara est apprentie ballerine et son corps souffre. Née dans le corps d'un garçon, elle suit un protocole médicamenteux avant une future opération : deuxième souffrance. Et pour couronner le tout, elle est au stade de l'adolescence, temps de tous les tourments identitaires. Girl a tout pour être un vrai mélodrame mais Lukas Dhont, son réalisateur, ne tombe pas dans le piège en trouvant un équilibre miraculeux entre pudeur et réalisme cru (plus proche des Dardenne que de Dolan), esquivant toutes les thématiques sociales inhérentes au genre. Le film est avant tout le portrait d'une jeune fille résolue bien qu'en proie à bien des doutes. Le scénario pêche parfois par excès de répétitions (la famille, la danse, l'hôpital) mais se concentre sur l'intime avec doigté et délicatesse, emportant le spectateur (qui souffre beaucoup aussi) dans sa quête viscérale. Le rapport entre le père et sa fille est le plus beau qui soit, le premier ne questionnant jamais le sexe de son ange, s'en fichant même du moment qu'il y a du dialogue entre eux et que la jeune fille trouve son épanouissement. Ce soutien moral prend à rebours tous les films sur le sujet transgenrre qu'on a pu voir ces dernières années et fait tout le prix de ce premier long-métrage d'un réalisateur flamand prometteur (encore un !). Et que dire de Victor Polster, interprète éblouissant dont on oublie dès la première minute qu'il est comédien puisqu'il est physiquement et profondément Lara.