Glass prouve que Split n'était finalement qu'un coup de chance pour M. Night Shyamalan qui, après un élan prodigieux au début des années 2000, s'était essoufflé voire fourvoyé dans les méandres d'un système hollywoodien qui le dépasse. Sa volonté de faire une suite à Incassable, probablement son chef-d’œuvre, était aussi inattendue que foncièrement osée. La faire s'entremêler à son dernier film en date, le surestimé mais réussi Split, était encore plus fou. Mais Glass n'est ni une bonne suite à Incassable, ni une bonne suite à Split. En est-il un mauvais film pour autant ?


Quasiment intégralement situé dans un hôpital psychiatrique où sont internés David Dunn (Bruce Willis, tout simplement absent), Kevin Crumb (James McAvoy, cabotin) et Elijah Price (Samuel L. Jackson, qui n'est plus que l'ombre de lui-même), le long-métrage peine lamentablement à démarrer, les trois quarts du film n'apportant rien de plus à ce que l'on sait déjà des personnages. Psychologiquement martyrisés par un psychiatre aussi calme que tenace (Sarah Paulson, qui se fait royalement chier), ils vont affronter leur destin dans une dernière demie-heure certes tardive mais néanmoins plus réussie.


On aurait aimé un tout autre approfondissement des personnages, leurs rôles étant malheureusement très inégalement exploités, que ce soit au sujet de leurs motivations ou de leurs confrontations, verbales ou physiques. Shyamalan détruit ainsi sa propre mythologie, comme parodiant ses propres thématiques : là où il avait signé en 2000 une incroyable introspection du super-héros, il n'en propose ici qu'un amalgame hasardeux, poussif, presque ringard. La mise en scène elle-même est d'une sobriété déconcertante, vide et sans panache, comme si le réalisateur indien était à court d'idées visuelles (le concept de la caméra embarquée est ici usé jusqu'à la moelle).


Souhaitant proposer un film de super-héros anti-spectaculaire, il sombre pourtant dans le carcan qu'il méprise mais avec le savoir-faire d'un téléaste tant les rares scènes d'action semblent écrites pour un pilote de série TV. Pas inutilement long mais très mal rythmé, sauvé de justesse par un final presque grandiose mais garni de dialogues atterrants et d'une interprétation immémorable (cette pauvre Anya Taylor-Joy semble attachée malgré elle au projet tant sa prestation relève du caméo fonctionnel), Glass est un ratage difficilement compréhensible tant son auteur, alors maître à bord et le vent en poupe, avait toutes les cartes en main pour surfer sur la réussite.

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le 26 mai 2019

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