Godzilla : La Planète des monstres
5.3
Godzilla : La Planète des monstres

Long-métrage d'animation de Hiroyuki Seshita et Kobun Shizuno (2017)

Une première partie mitigée faisant toutefois honneur au monstre

Cela fait plus de soixante ans que le monstre existe et pourtant, les Japonais ne semblent pas en avoir terminé avec lui ! Après lui avoir fait détruire des mégapoles, affronter d’autres de ses semblables (Rodan, Mothra, Ghidorah…), protéger la planète tout en portant un message écologique ou encore anéantir des envahisseurs d’une autre planète, le Pays du soleil levant semble cette fois-ci l’emmener dans une toute autre dimension. Celle de l’animation, genre auquel les Américains étaient jusque-là les seuls à avoir exploité (via la série animée produite par Roland Emmerich, adaptée de son propre film). L’occasion pour les Japonais donc de dépasser un peu plus les limites de cet univers qu’ils ont créé pour Godzilla, leur icône indémodable qui, en plus de son renouveau hollywoodien (le film de Gareth Edwards, départ d’une franchise cinématographique rendant hommage aux kaijus), profite de cette occasion pour se refaire une santé. Un vent de fraîcheur bienvenu, même s’il est bien loin de marquer les esprits.


La première chose qui frappe avec le choix de l’animation, c’est de voir à quel point l’univers de Godzilla peut désormais se permettre de prendre des libertés. D’être bien plus crédible qu’à l’accoutumée, n’étant plus dépendant du manque de moyens propre au genre (effets spéciaux bas de gamme, mecs en costumes en guise de monstres…). De pouvoir aborder une intrigue qui fasse intervenir des êtres d’une autre galaxie, des vaisseaux spatiaux gigantesques, une technologie d’un autre monde… et surtout une avancée dans le temps qui offre un terrain de jeu inédit dans la saga (une Terre post-apocalyptique sur laquelle la nature a repris ses droits, proposant une toute autre faune sauvage et mortelle). L’occasion de mettre en avant des personnages principaux aux véritables enjeux et, surtout, de revenir à l’essence même de la créature. De faire ressortir toute son aura destructrice, éternelle et mythologique que nous lui connaissons depuis sa première apparition en 1954 dans le film éponyme d’Ishirô Honda. Une sorte de prétexte pour rappeler qu’il porte le titre de Roi des Monstres, instaurant la peur chez quiconque osant prononcer son nom. Sur ce point-là, ce Godzilla : la Planète des Monstres fait honneur au célèbre kaiju, lui rendant hommage comme il se doit !


Sur le reste, on peut se montrer quelque peu mitigé. Comme si ce film n’arrêtait pas de balancer entre atouts non discutables et défauts dus à de trop grandes négligences. Notamment par l’animation, qui oscille entre idées visuelles bienvenues et effets numériques d’une grossièreté sans nom (l’allure de Godzilla est vraiment bâclée). Par un rythme un peu bâtard, certes dynamique sur la fin, mais qui est plutôt mou du genou lors d’une trop longue introduction. Cette dernière sert à présenter des personnages, j'en conviens, mais la majorité d’entre eux – principalement les seconds couteaux – sont beaucoup trop mis en avant dans les situations alors que nous n’avons aucun attachement envers eux (réduisant au possible l’impact émotionnel de certaines séquences) car ignorant tout de leur passé, leurs motivations. Et aussi par un manque de spectaculaire dans les séquences d’action, témoignant de limites budgétaires et d’ambition, alors que le tout se termine par un cliffhanger, révélant un Godzilla plus puissant et impressionnant que jamais. Ce qui donne envie de poursuivre l’aventure dans une seconde partie qui sera disponible au Japon en mai 2018 (prochainement pour nous) tout en étant frustré de ne pas avoir eu ce qu’il fallait de spectacle avec cette première partie.


C’est ainsi que nous pouvons résumer cette Planète des Monstres : une balance gardant l’équilibre entre ce qui permet au film d’animation d’être agréable à suivre et ce qui l’empêche de se hisser au rang de titre du moment. Un équilibre qui reste intact de manière monotone que l’on aimerait beaucoup voir éclater dans la suite (espérons du bon côté) pour que le divertissement prenne enfin de l’ampleur. Pour que le personnage principal trouve une évolution à son écriture, à son intrigue très savamment écrite pour ce genre de projet. Et surtout pour que Godzilla puisse démontrer toute sa magnificence avant de le retrouver l’année prochaine dans une nouvelle production hollywoodienne, en compagnie de ses compères kaijus. En bref, même s’il faut juger ce film d’animation indépendamment de sa suite, nous ne pouvons nier que tout repose sur les épaules de cette dernière, empêchant cette critique d'être beaucoup plus étoffée.


Quoiqu’il en soit, malgré son aspect mitigé et pour le moment incomplet, cela n’enlève en rien au fait que Godzilla, après plus de soixante d’ans d’existence, continue de régner comme il l’a toujours fait, et ce avec autant de charisme, de présence et de puissance que dans le passé. La Planète des Monstres est le début d’un vibrant hommage pour l’une des créatures les plus intemporelles de la pop culture, que l’on aurait aimé plus énergique, plus spectaculaire. Et qu'il aurait sans doute été plus judicieux de bâtir en un seul film, au risque d'être plus long que prévu (quoique nous sommes désormais habitués à des visionnages dépassant les trois heures). Rendez-vous donc en mai pour savoir si cela valait vraiment le coup !

Créée

le 10 mars 2018

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