Faut-il que la production actuelle soit insipide pour que cette histoire gentillette soit ressortie du lot au point de me pousser à aller la voir un vendredi soir alors que mon pyjama boudait ma désertion. J'ai même lu que Mortensen pouvait légitimement prétendre à un Oscar pour sa prestation... il ne faut quand même pas exagérer. Bon, je n'ai pas encore vu beaucoup de films de cette année pour lui trouver, comme ça, sur le pouce, un concurrent sérieux, mais je n'ai pas du tout été bluffée par son cabotinage, qui m'a semblé vraiment accessible à n'importe quel acteur débutant. Je ne suis pas membre des jurys d'entrée au cours Florent non plus, je sais. Mais même. Prendre 25 kilos, passer ses scènes à se gratter le nez d'un revers de manche ou à étirer dans tous les sens ses zygomatiques pour déloger des particules alimentaires d'entre ses dents n'est pas à proprement parler ma conception d'un jeu subtil. Josiane Balasko mériterait alors un César. A la fois, j'ai lu le même dithyrambe à propos de son partenaire, au nom impossible, et là aussi, je trouve qu'il faut un peu modérer son enthousiasme, même s'il est un peu plus impressionnant que notre bien-aimé Viggo (qui a laissé une bien meilleure impression dans Captain Fantastic). Je me souviens de lui, bras ballants et moue effarée dans une pauvre série relativement affligeante, les 4.400, et il faut avouer que là, il démontre, comme la Jenny de Forrest Gump en son temps, qu'il a été capable de s'améliorer grandement avec le temps. Reste le scénario, étiré en longueur dans la première heure, incapable de vraiment assumer ses moments de comédie, et carrément cousu de fils blancs à la toute fin. Nan, vraiment, pas une révélation. Et même, je suis un peu inquiète que le thème traité, dont les racines remontent effectivement à des décennies aux États-Unis, fasse encore figure de sujet possible aujourd'hui. C'est inquiétant, d'une part, et lassant de l'autre.