Alors qu’il aurait vraiment pu revenir le jour d’Halloween en France, Michael Myers a choisi de faire son retour en France une semaine avant. Halloween, encore et toujours, fait son retour avec Jamie Lee Curtis et David Gordon Green à la réalisation, le tout superviser par Blumhouse et John Carpenter himself. On efface tout pour mieux rendre de nouveau le mythe intact ?
L’horreur se porte bien. Bien mieux que plein de grosses machines de centaines de millions de dollars qui se plantent royalement au box-office. L’horreur elle, rapporte. Gros. Très gros. Et surtout, elle ne coûte pas cher. Jason Blum, le Roger Corman du XXIe siècle l’a bien compris. De la peur, il en vend à toutes les sauces. Et le public en redemande. Seulement, difficile de s’éloigner des mythes qui ont initiés le genre, qui lui ont donné ces lettres de noblesse. Surtout dans un Hollywood qui se plait un peu trop à rebooter ou remaker tout ce qui a plus de 10 ans. Mettre sa main sur un vieux classique pour le dépoussiérer un bon coup prend alors des airs d’évidence.
Si les bogeymen ont connu un beau regain au début des années 2000, ils ont vite disparus au profit des « home invasion » nettement plus attractifs pour le public. Or il existe un tueur mythique qui adore venir se promener chez les gens le soir d’Halloween. L’increvable Michael Myers ne pouvait rester plus longtemps au placard. Et c’est avec un trio improbable à sa tête qu’il revient : Le scénariste Danny « Kenny Powers » McBride, le réalisateur David Gordon Green et le nouveau pape de l’horreur à la prod’, Jason Blum. Trio qui, avec l’appui de John Carpenter, fait table rase de toutes les suites ratées pour se placer directement dans la continuité du film original.
Quarante donc. Quarante ans depuis cette nuit meurtrière à Haddonfield. Depuis Michael Myers croupie dans un asile sous haute surveillance. De son côté, Laurie Strode traîne les névroses de cette fameuse nuit, contaminant sa propre fille au passage, se préparant au retour inévitable du tueur au masque. Ça tombe bien, deux journalistes viennent titiller Michael, réveillant son instinct meurtrier. Lors d’un transfert, Myers s’échappe inévitablement et le voilà reparti pour une nouvelle nuit meurtrière à Halloween.
Faire table rase du passé tout en lui rendant un vibrant hommage. Voilà un peu la devise de ce nouveau Halloween. À la fois suite et reboot du film original, classique intemporel signé John Carpenter, ce nouvel opus tient de la bonne surprise. Proprement exécuté, avec fidélité et respect, il se classe sans peine comme le deuxième meilleur film de la franchise. Le premier est et restera indétrônable. Reste que le duo improbable, car très orienté comédie grasse, David Gordon Green et Danny McBride s’en tire avec les honneurs. Références discrètes, scénario sans surprise mais solide, ils allient la force du film original et le gore très graphique des films d’horreur contemporains. Entre belles idées de mise en scène et mises à mort savoureuse, le film tient toutes ses promesses en remplissant avec soin son cahier des charges.
Bien-sûr, la nouvelle équipe créative n’est pas exempt de quelques fautes de goût. Certains détails sont trop appuyés, comme la présentation du nouveau psychiatre. La toujours impeccable Jamie Lee Curtis joue une Laurie qui n’est ni plus ni moins qu’une relecture de Sarah Connor dans Terminator 2, s’entraînant sans relâche, à en devenir folle, attendant le duel final contre son némésis. Dommage qu’ils en fassent une alcoolique redondante au passage. Attendu, le film a au moins le mérite d’en donner une sacrée paire à son casting féminin. Où dans la continuité du mouvement #MeToo, les traditionnelles proies du bogeyman prennent enfin le pouvoir.
Ticket ou Télé ? Ticket, on frissonne toujours bien mieux dans une salle obscure.
Ce Halloween 2018 ne révolutionne pas le genre et encore moins le film original mais il se présente comme un hommage solide, fidèle et bien mené. De tous les opus désastreux que compte la saga, celui-ci se hisse sans mal derrière le modèle dont il se veut la suite directe. De quoi remettre la franchise sur de bons rails puisque, bien évidemment, Michael respire toujours à la fin du générique.