Hanna K.
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Hanna K.

Film de Costa-Gavras (1983)

Costa-Gavras est un réalisateur qui a des couilles. Après s'être attaqué à la dictature des Colonels en Grèce (Z), aux procès Staliniens (L'Aveu), à l'implication des USA dans l'établissement des dictatures en Amérique du Sud (Etat de Siège et Missing), le voila qui prend à bras le corps, en 1983, un des sujets les plus délicat qui soit, celui du conflit Israelo-Palestinien.

Dans une démarche typique de l'homme, il aborde le problème sous l'angle individuel, à travers les conflits personnels que doivent affronter les personnages, conséquences des problèmes plus larges que connait la région. La figure centrale, c'est donc Hanna Kaufman, une émigrée Américaine à Israël exerçant la profession d'avocate et qui se retrouve a défendre un Palestinien. La situation est largement complexifiée du fait que Hanna est enceinte du procureur et mariée à un Français...

La multiplication des amants autour d'Hanna est évidemment un moyen pour le réalisateur de montrer les différents points de vue liés au conflit. Mais Costa-Gavras a peut être eu les yeux plus gros que le ventre cette fois-ci. Car à trop vouloir en montrer, il finit par ne faire que survoler le problème. Il parvient bien à faire ressentir l'attachement au pays qu'éprouvent les deux camps, la suspicion qui règne entre eux et la tristesse de la situation mais cela s'arrête là. Les enjeux historiques ou politiques ne sont quasiment jamais évoqués.
Plus problématique encore, le personnage d'Hanna manque de force. Elle évolue à travers le film sans jamais vraiment savoir ce qu'elle veut, passant d'un homme à l'autre en fonction de son humeur du moment. A ce titre, la présence de Jean Yann en mari Français peut légitimement soulever quelques questions. S'agit il d'un moyen pour Costa-Gavras de s'approprier le sujet ou du symbole de l'impuissance des pays Européens à régler le problème ? Mystère. Mais voir le réalisateur de Liberté, Egalité, Choucroute promener son air goguenard et parler anglais avec un accent à couper au couteau face à un Gabriel Byrne a quelque chose de mi-fascinant mi-comique.

Un résultat final en demi teinte donc mais, comme avec tous les films du réalisateur, le courage de la démarche et les qualités humaines de l'œuvre présentes suffisent à en justifier le visionnage.
Palplathune
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le 9 juin 2011

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