Rétro Harry Potter #2 : Il y a un serpent dans sa botte !

Suite de la rétrospective Harry Potter, dont vous pouvez trouver l'épisode 1 ici. Pour sa deuxième année à Poudlard, Harry Potter se voit confier à la même équipe gagnante que lors du premier opus : Chris Colombus derrière la caméra, Steve Kloves au scénario et John Williams à la musique. Le casting est également renouvelé à l'identique, et Richard Harris signe là sa dernière apparition au cinéma en temps que Dumbledore, l'acteur étant décédé peu de temps avant la sortie du film.
Plus ambitieux que son prédécesseur, Harry Potter et la Chambre des Secrets ne dure pas moins de deux heures quarante (crédits compris) et enrichit largement l'univers : nous voilà introduit au Saule Cogneur, à Dobby, au Basilic, au Polynectare, à l'histoire des Maisons, à Aragog... Bref, c'est un véritable hommage à l'imagination de J.K. Rowling. 2H40 donc, ce qui est très long pour un film pour enfants... Et pourtant.


Ce film est formidablement prenant, plus que le premier. Chris Colombus a su adapter son style, en lui faisant gagner en maturité, épousant finalement la croissance de son trio de héros. Le film est plus sombre, plus torturé et tortueux, aussi bien dans son esthétique, plus sombre et plus pesante, que dans son écriture et ses enjeux. En effet, finies les batailles « bon enfant » avec des trolls qui ont la morve au nez. Ici on parle de meurtres d'élèves, d'épuration de sang impur : on entre dans une autre dimension. Il ne s'agit plus de gagner une partie d'échec ou de jouer « tiens voilà du boudin » à la harpe à un clébard pour qu'il roupille, mais de livrer un combat à mort contre un serpent géant.
La Chambre des Secrets délivre le climax réellement haletant qu'il manquait au premier opus : ici le dernier acte est foutrement épique, et d'autant plus efficace qu'il est le fruit d'un travail de build-up savamment développé sur les deux heures, écrit sous forme d'enquête de nuit, dans les couloirs de Poudlard. Difficile de résister, encore aujourd'hui, à ces moments presque thriller.


De plus, le long-métrage jouit de deux morceaux de bravoure, deux scènes véritablement d'anthologie : les araignées dans la Forêt Interdite et la Chambre des Secrets. Parce que, dans les deux cas, on nous renvoie symboliquement à un imaginaire de monstres et de phobies transgénérationnel (l'araignée, le serpent), que l'on gère du point de vue de la mise en scène comme un vrai film de monstres (ce qui implique jeu de cache-cache et jump scares) à la The Host – toute proportions gardées évidemment, on reste dans du divertissement familial.
Surtout, c'est le dernier film de la saga (à ma connaissance, le reste de la rétrospective me donnera peut-être tort, mais je ne crois pas me tromper) à pouvoir être qualifié de pré-numérique : non pas qu'il n'y ait pas d'effets spéciaux numériques, mais il y a toujours ce souci de l'utilisation d'effets réels qu'ont Colombus et son équipe technique et artistique : c'est la tête du Basilic, le phénix ou encore Aragog en gros plan, qui sont des marionnettes en animatronic, et qui sont donc toujours « réalistes » aujourd'hui (comme le T-Rex de Jurassic Park, on ne le répétera jamais assez ! ).
La Chambre des Secrets est, à tort, souvent le film qu'on oublie quand on évoque la saga. C'est pourtant un excellent film, qui malgré un chrono de 2h40 à l'arrivée, réussit à gérer un rythme parfait de bout en bout (spoiler : c'est déjà bien moins vrai pour le troisième opus, nous y viendrons). Il réussit à ne pas nous faire sortir une seule seconde de son univers et de là où il veut l'emmener. Meilleur que le premier épisode car logiquement plus mature et plus sombre, tout en sachant garder l’œil d'enfant que sait si bien retranscrire Chris Colombus, La Chambre des Secrets est le film de transition idéal pour amorcer la seconde partie de la saga, définitivement plus grave et sérieuse, plus « adulescente », à défaut de pouvoir déjà dire « adulte ». Alors que nos héros quittent l'enfance, Colombus se retire, après avoir accouché de deux beaux bébés, morceaux choisis de la pop-culture mondiale, et laisse sa place à des réalisateurs moins infantiles : Cuaron, Newell, Yates.
Pour le meilleur, ou pour le pire ? La réponse dans la suite de la rétrospective.

Cyprien_Caddeo
9
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le 2 oct. 2016

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Cyprien Caddeo

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