Le 9 est peut-être un poil exagéré compte tenu des nombreux défauts et oublis de ce film mais, vu dans quelle direction s'engageait la saga depuis le quatrième opus, j'estime que cette note reste méritée.

Ne serait-ce déjà pour toutes les émotions qu'il m'a fait ressentir. Ce film est sombre, violent et triste. On est loin du tout premier où le monde des sorciers était un amoncellement de merveilles et où tout était fait pour faire rêver les enfants. Nous sommes également très loin des premiers cours de balai et des balbutiements des héros dans le maniement de leur baguette. Ici, la magie n'est pas destinée à faire léviter des plumes mais à déchirer des âmes, à animer des statues de pierre de plusieurs mètres de haut, à dévorer par les flammes des salles entières de Poudlard, à ressusciter des morts, temporairement, et à tuer, brutalement. Il y a des morts dans cette ultime fresque de la vie du sorcier binoclard. Pas autant que dans le livre, mais les plus importants sont bien là. Le spectateur et le lecteur ont grandi et le monde qu'ils découvrent est d'un noir d'ébène.

L'humour a laissé la place aux larmes. La joie a laissé la place à la peur. La tension est palpable à chaque minute du film. Le temps est compté pour les héros ainsi que pour tous les autres personnages qui gravitent autour. L'ennemi est puissant et n'a aucune pitié, pour qui que ce soit. Ses fervents admirateurs n'en ont pas beaucoup plus - si ce n'est peut-être la famille Malefoy - et s'en prennent sans scrupule à une école remplie de sorciers qui, pour la majeure partie d'entre eux, n'ont que des connaissances rudimentaires de leurs pouvoirs. Plus que cela, la vérité éclate enfin et elle n'est pas sans conséquence. Le secret de cette personne, sans qui rien de tout ça ne se serait jamais passé, est enfin dévoilé au grand jour... au prix de sa propre vie (et quelle mort ! Tout n'est que suggéré mais la violence est bien là, cruelle, irrémédiable).

Il est difficile de parler de ce film sans révéler toute la profondeur d'un personnage qui m'est très cher et dont les actions, pas toujours des plus recommandables, ont bouleversé plus d'une vie. Difficile aussi d'en parler sans évoquer les manques, plus ou moins flagrants, plus ou moins dispensables, que tout lecteur de la première heure aura noté sans aucun souci. La faute sûrement aux précédents volets qui, au fur et à mesure, ont abandonné plein d'informations dans le fossé (je pense notamment au miroir de Sirius qui aurait dû apparaître dans le 5 mais qui surgit du néant dans la première partie des Reliques de la Mort), par souci de temps et d'argent. Les tomes sont épais et fourmillent de détails pas forcément aisés à retranscrire à l'écran, mais J.K. Rowling s'est fait un malin plaisir de dissimuler une foule d'indices sur le dénouement de ses volumes - et même de son histoire - tout au long du texte. Quelques mots qu'on lit rapidement sans plus y penser et qui nous sautent au visage à la seconde lecture.

Tout n'était pas utile, tout n'aurait pas pu être gardé mais, j'ai tout de même l'impression que les non-lecteurs de la saga pourraient avoir quelques questions demeurées sans réponse à la fin de leur visionnage de cette dernière adaptation. Ils ne sauront tout qu'en s'attelant à la lecture des sept tomes, autrement plus sombres, plus fouillés, plus gris aussi que ce qui est présenté ici. Parce que oui, un des personnages clés de cette épopée est épargné généreusement dans ce film. Dans le livre, on découvre un être au passé tumultueux, qui n'a pas toujours fait les bons choix. Un passé auquel il a rageusement tourné le dos sans pour autant se départir d'un certain machiavélisme, tirant les ficelles dans les coulisses dans un but, somme toute positif mais non dénué de conséquences néfastes dont il semble se ficher royalement. Un personnage pour qui la fin justifie les moyens et tant pis si cela implique de détruire la vie de plusieurs personnes. Et tout ça caché sous une apparence débonnaire qui aura fait sourire plus d'un lecteur/spectateur. Les premiers verront tout de suite de qui il est question, les autres le devineront avec les quelques miettes laissés par le réalisateur tout juste bonnes à caler une petite fringale.

Les acteurs ne sont pas parfaits non plus, surtout Daniel Radcliffe qui, bien que s'étant amélioré depuis le catastrophique film sur La Coupe du Feu, demeure encore en-deçà de ses condisciples. Même Rupert Grint aurait tendance à le surpasser. Emma Watson, quant à elle, a toujours été la plus prometteuse du trio. Une petite mention spéciale pour Matthew Lewis, qui joue un Neville Longdubat/Longbottom méconnaissable. Cependant, aucun d'eux n'arrive à la cheville des adultes : Alan Rickman en tête (bien qu'ayant les cheveux trop propres), Maggie Smith, Ralph Fiennes ou encore Helena Bonham Carter et Jason Isaacs (qui respire méchamment la peur). Pas la perfection non plus, mais suffisamment bons pour nous faire ressentir l'ampleur de la tâche qui pèse sur leurs épaules et l'importance que le résultat va avoir sur leur vie future.

Je rajoute aussi un énorme point bonus à la musique qui est tout simplement magnifique. Elle vous transperce la poitrine de part en part, vous glaçant tour à tour d'émerveillement et d'effroi avant de vous transformer en un petit être larmoyant, reniflant à qui mieux-mieux.

On regrettera l'abus de Prior incantatem qui est utilisé à outrance depuis son apparition dans le film 4 et qui atteste bien que les réalisateurs n'ont pas saisi la subtilité du mécanisme. Ces derniers ont jugé le sort esthétique et le ressortent donc à chaque duel entre sorciers. Un pinaillage de fan assurément mais qui m'a fait froncer les sourcils plus d'une fois. La belle fin avec le soleil qui revient à la seconde où tout est fini pourrait également en faire sourciller plus d'un (c'est pas comme si il y avait encore toute une armée à bouter hors de Poudlard...). L'épilogue manque aussi de crédibilité (les personnages sont censés approcher la quarantaine aisément mais le maquillage ne fonctionne pas).

Néanmoins, pour l'image, pour la musique, pour les frissons et les larmes que ce film a su me tirer, je lui laisse son 9.

PS : la 3D est parfaitement inutile, en plus de gâcher considérablement la photographie

PS2 : je retire une étoile pour la plus belle gamelle du cinéma en série qui vient tout juste de me revenir à l'esprit : la couleur des yeux de la mère de Harry. Pendant toute la saga, on ne cesse de nous rabâcher que Lily et lui ont la même couleur de mirettes (verts dans les livres, bleus dans les films). On voit au moins 25 000 plans des yeux du héros où la teinte bleue est plus qu'évidente MAIS ils ont choisi une fillette aux yeux marron (oui, je dis bien marron) pour interpréter le rôle de la mère plus jeune. MARRON !!! Une claque dans la mouille, c'est tout ce que ça mérite.

Créée

le 28 mars 2014

Critique lue 192 fois

NicodemusLily

Écrit par

Critique lue 192 fois

D'autres avis sur Harry Potter et les reliques de la mort - 2ème partie

Du même critique

Le Miroir d'ambre
NicodemusLily
4

Mondial moquette chez les parallélépipèdes rectangles

Enfin ! J’ai enfin fini de lire la trilogie de Philip Pullman : A la Croisée des Mondes. Ca n’a pas été de tout repos. En effet, passée la déception du tome 2 qui glissait de manière flagrante vers...

le 14 mars 2015

14 j'aime

9

New York, Unité Spéciale
NicodemusLily
7

Ma deuxième partie de soirée fétiche

New York : Unité Spéciale, c'est une série que j'ai découvert un peu par hasard. Toujours diffusés en deuxième partie de soirée compte tenu des sujets traités, toujours diffusés dans le désordre le...

le 15 avr. 2014

13 j'aime

5

La Reine des Neiges
NicodemusLily
1

Mince, c'est Noël ! Il faut faire un film !

La Reine des Neiges, mon dernier grand traumatisme Disney. J'avais espéré - au vue de la bande-annonce - être à nouveau transportée dans le monde féérique de la souris parlante... mais c'est un...

le 22 mars 2014

11 j'aime

9