A sa sortie, « Heat » a fait beaucoup parler de lui, en offrant la confrontation tant attendue entre deux monstres sacrés du cinéma, Al Pacino et Robert De Niro, n’ayant auparavant jamais eu de scènes communes. Pourtant, le film est avant tout un projet très personnel de Michael Mann, dont le goût pour le polar urbain atteint ici son paroxysme.


En effet, « Heat » est inspiré de l’histoire vraie de la traque d’un groupe de braqueurs hors pair par une équipe policière d’élite dans le Chicago des 60’s, mais il s’agit aussi du remake de « L.A. Takedown ». Dans ce téléfilm, Mann racontait déjà son histoire de policiers & gangsters à Los Angeles (jusque dans certains dialogues et plans identiques !), mais simplifiée et bridée par un budget limité. Disposant ici de moyens confortables, Michael Mann met le paquet, pour notre plus grand plaisir.


Car « Heat » est à la fois un thriller remarquablement maîtrisé, et un drame intéressant. Tout en racontant son intrigue sans temps mort, le film prend la peine de creuser ses personnages, dévoilant souvent leur vie privée houleuse pour montrer les failles dissimulées par leur grand professionnalisme. A ce niveau, le film s’offre le luxe d’une distribution particulièrement savoureuse : John Voight, Ted Levine, Tom Sizemore, Natalie Portman, Val Kilmer… Ce dernier parvient même à s’imposer à l’écran entre les deux titans de charisme que sont Al Pacino et Robert De Niro. Si le premier livre une prestation enflammée en flic obsédé par son travail et révulsé par les crimes qui l’entourent, le second s’avère ici plus sobre et posé en braqueur haut niveau conscient des risques qu’il prend. Afin de renforcer leur confrontation, leurs scènes communes sont par ailleurs filmées en opposition, et il n’y a qu’un seul plan du film où l’on verra leurs visages réunis à l’écran !


Mais loin de constituer l’unique intérêt du film, ce duel ne fait qu’augmenter la saveur de l’ensemble. Car « Heat » offre une mise en scène carrée et maîtrisée de bout en bout, avec une image propre à la photographie grisâtre et urbaine, un mélange de caméra à l’épaule et de prise de vue plus posées, et un montage sonore vrombissant. Le clou du film étant la scène de braquage, largement copiée et référencée depuis, et la célèbre fusillade qui fait partie des grandes scènes d’action des années 90. Sans compter la BO du film qui comporte quelques pépites : le morceau « Force marker » de Brian Eno, ou la musique de Moby clôturant le film.


« Heat » représente donc sans doute le summum de la carrière de Michael Mann, et l’un des classiques du polar des 90’s.

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le 28 juil. 2020

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Redzing

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