5,5/10
Le Hellboy de Neil Marshall est adoubé par Mike Mignola, de quoi relativiser le mépris universel dont il jouit. C'est que le personnage y est en effet plus fidèle aux comics que sa version précédente, en plus d'être mieux plongé dans leur mythologie obscure et dense.
Guillermo del Toro avait cependant su s'approprier l'univers graphique si particulier de Mignola, quand Marshall n'en fait qu'une tambouille numérique sans âme, enrobant un projet confus de suite/reboot ne remplissant bien aucune de ces fonctions, trop plat, trop chaotique.
Paradoxalement, on aurait donc mieux apprécié ce film sans ceux de del Toro, parce qu'il propose quand même une adaptation fidèle, mais aussi badass, basique et gore qui aurait pu plaire si la comparaison n'était pas à ce point à son désavantage. De même qu'on aurait pu mieux l'apprécier comme réel troisième opus, l'absence de toute méditation sur les monstres ou l'héroïsme, de toute profondeur, ayant alors pu être justifiée par leur exploration dans les deux précédents. En naviguant entre deux eaux, ce Hellboy coule fatalement.
On s'aperçoit particulièrement du gâchis quand d'extraordinaires monstres attaquent une ville. Directement tirées de del Toro, ces créatures ont plus de gueule que l'ensemble du film, et pourtant n'existent qu'une poignée de secondes quand elles auraient pu être son cœur, au lieu de ces scènes d'action violentes prétendant à une certaine virtuosité mais trop gratuites scénaristiquement pour justifier le temps qu'on leur consacre...