Hellboy (Neil Marshall, U.S.A, 2019)

De deux choses l'une. Tout d'abord, je ne suis pas plus familier que ça du comics de Mike Mignola et de son univers. J'ai lu le premier tome de Hellboy il y a environs 15 ans, et si l'ambiance sombre, violente, mais décalée par le personnage hors ton, m'avait beaucoup plu, je n'avais pas accroché au style graphique.
En revanche, j'ai avec Neil Marshall, le réalisateur de ce "Hellboy", un petit passif puisque je le suis depuis son tout premier film, "Dog Soldiers" en 2002, qui m'avait beaucoup marqué. À l'époque j'avais enregistré sur VHS ce petit film de loups-garous carrément fun, qui passait sur Canal +. Autant dire à un autre temps.
Mais depuis son dernier film ("Centurion" en 2010, un survival épique plutôt bien foutu), il a surtout œuvré pour des séries TV, et j'ai pas trop suivis... et voilà que 9 ans après il revient sur grand écran, avec une nouvelle adaptation de "Hellboy".
Alors, ce n'est pas un reboot, terme complètement galvaudé… C'est juste l'adaptation d'un matériau pré-existant, par d'autres personnes, avec d'autres moyens, et qui propose autre chose. De plus, Mike Mignola a repris la main sur son œuvre, et s'est avéré très présent dans la production du film. (Un détail qui a son importance).
Fini les boursouflures pseudo-lovecraftiennes des "Hellboy" de Guillermo Del Toro. Fini ses envolées poétiques hors contexte, alourdissantes et complètement à côté de la plaque, passant totalement à côté de son personnage. Ce qui était d'autant plus frustrant, puisque Ron Perlman était un putain de Hellboy. Mais tout ça c'est du passé, et je pourrais cracher gratuitement durant des lignes et des lignes sur Del Toro et son cinéma surcoté, donc je vais entrer dans le vif du sujet.
Commençons par David Harbour, qui EST Hellboy. Absolument convaincant il porte tout le métrage sur ses épaules. Ce qui pour un acteur considéré de seconde zone, force le respect . De plus, sa complémentarité avec l'autre grand personnage du récit, la "méchante" Nimue, fonctionne à merveille.
Interprétée par une Milla Jovovich investi, top canon, et de plus en plus jeune, dégageant un charisme fou... selon ses propos, elle est persuadé qu'avec le temps ce film deviendra culte. Je ne peux que partager cet avis, tant ce "Hellboy" de Neil Marshall est tout simplement une tuerie.
Génial, généreux, fun, débridé, généreux, drôle, sanglant, généreux, horrifique, fantaisiste, drôle et généreux… [Insérez superlatifs de votre choix]
ce métrage est bourré d'action (on en demande pas plus), plein d'humour (les punchline fonctionnent), doté d'une atmosphère sombre (au gothique efficace) et très violent (ne lésine jamais sur le gore).
"Hellboy" c'est un film d'action à l'ancienne, un spectacle jouissif plein d'audace et d'inventivité, admirablement calibré, rythmé et dosé comme il faut, entre temps-morts et grosses scènes d'action. Conscient de l'invulnérabilité de son héros, le film se concentre ainsi sur l'essentiel.
Sublimant par une mise en scène classieuse et inventive, la nature antéchristique d'un Hellboy diablement iconique.
Avec cette œuvre de pop culture par excellence, Neil Marshall balance à la gueule de ses spectateurs un spectacle riche, à la croisée des genres, citant avec bonne humeur ses prédécesseurs. De "Indiana Jones" à "Rocketeer", dans un esprit comics pulp' très 50's, il assume de bout en bout ce qu'il est, sans une once de prétention et en toute humilité.
Également à l'aise dans la fantasy, tel un fourre-tout maîtrisé qui au détour d'une séquence vient par exemple honorer le "Seigneur des Anneaux". Mais le meilleur réside dans le climax hallucinant de la scène d'ouverture, avec son ton décalé rappelant le "Army of Darkness" de Sam Raimi en 1992. Dans la mise en scène, le jeu des acteurs qui en font des caisses, et un degrés ayant passé la seconde depuis longtemps, la citation est on ne peut plus claire.
Dès les premières minutes donc, le spectateur est projeté dans un univers de pop culture jubilatoire, jamais très loin de l'esprit des Monty Python, livrant un rendu épatant. Surtout lorsque le film n'en a plus rien à foutre, et se vautre avec joie dans l'horreur visuelle, viscérale et radicale. Et ça fait un bien fou, de pouvoir s'éclater, et se poiler avec autant de bonne humeur, sans se sentir insulté à chaque minute. Ou avoir cette vilaine impression d'être une vache hublot.
Au final, en résulte un actioner horrifique terriblement sympathique, qui n'a pas besoin de 22 films pour inspirer l'intérêt, démontrant qu'il reste des réal' et des studios prêts à proposer des œuvres franches et efficaces.
Pour info, "Hellboy" a coûté environs 50 millions de $. En face "Avengers : Endgame" en a coûté environs 356 millions. Ces deux films ne jouent pas dans la même cours. Et pourtant "Hellboy" démontre qu'il n'est pas nécessaire d'approcher le demi-milliard de $ pour proposer un vrai film de cinéma. Authentique, honnête, et surtout, sincère. Des atouts de plus en plus rare à Hollywood. Donc d'autant plus précieux.


-Stork._

Peeping_Stork
7
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le 10 févr. 2020

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Peeping Stork

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