Her - Un film qui donne des elles

Avec une bande annonce prometteuse vue en automne dernier, un casting intéressant, mais surtout avec les très bons échos de la presse et de mon entourage, il était temps que j'aille voir Her. Et je suis tombé amoureux du film...

Bon pour le pitch, j'aurai pu résumer le film façon discussion de comptoir en disant que c'est l'histoire d'un dépressif qui tombe amoureux de son ordi. On aurait alors embrayé sur une cascade d'allusions au cul à base de port USB, de "If you know what I mean" et de rires gras tout en trinquant avec nos bières bon marché à l'amertume caractéristique de la fin d'un fût... Mais en fait non. Le film est tellement loin de ça que je suis obligé d’essayer d'écrire une critique au goût doux et distingué d'un bon Mouton Cadet, délicatement aéré au coin de la cheminée.
Ouais ma gueule ! Délicatesse ! C'est à mon avis le mot clé de ce film à la fois totalement dans et hors du temps, qui vous fait oublier l'heure pour vous faire omnubiler par l'Her. Her, Samantha, cette intelligence artificielle, interprétée par la voix envoûtante de Scarlett Johansson (carrément).
Mais de quoi il s’agit alors ? Bah dès l'ouverture, on nous donne directement le fil conducteur du film : dans un futur proche, Théodore Twombly, campé par Joaquin Phœnix, travaille dans une entreprise qui rédige des lettres personnalisées d’amour ou d’amitié pour ses clients. Dans une société ou les rapports humains ont évolué jusqu'à être externalisés à des entreprises, Ted semble être le dernier homme sur Terre. Mais l’Homme avec un grand H ; Avec sa sensibilité, ses émotions, sa nostalgie, sa solitude, son humanité quoi… Dans cette espèce de vagabondage sentimental, à devoir appeler des filles chelous (avec leur chat), il ne retrouvera « l’autre » qu'à travers l’OS de son ordinateur, la fameuse Samantha, avec laquelle il va redécouvrir la sociabilité, l'amour, bref : la vie

Pourquoi ça tue tout ?
Déjà, visuellement c’est magnifique ! Une direction artistique aux petits oignons, délicate et harmonieuse, avec un mélange de couleurs pastel douces, des beiges chaleureux, des plans ambrés par le soleil dans des décors aseptisés et hiptsers à la fois. Et surtout ce fil d’ariane : la pêche de la couleur orange/rouge de la chemise de Ted et de l’OS que l’on retrouve partout dans le film comme un trait-d’union énergique.
Au niveau du son, c’est du coton pour les oreilles. Un mixage nickel, juste parfait, qui met en valeur la voix suave de Scarlett, qui est là sans pourtant jamais être à l’écran, et qui vous susurre à l’oreille des mots doux que l’on peut presque toucher tant ils sont présents. La musique d’Arcade Fire accompagne merveilleusement bien cette romance improbable.
Les acteurs sont tous très bons et bien dirigés, l’interaction entre Joaquin et Scarlett est incroyable d’intimité et de naturel. Avec leurs échanges (très bien écrits), ils nous offrent une histoire d’amour crédible (sisi) et émouvante, une histoire de découverte de l’autre et de soi même à la fois, sans jamais se juger. Un amour avec un grand A, plein de délicatesse, qui fait du bien quand tous les autres films du moment parlent d’amour avec un grand Q (Ft. Léa Seydoux).
La réalisation discrète mais efficace, accompagne cette belle histoire avec des scènes symboliques fortes et légères en même temps, comme celle de la signature (le son du crayon sur les flashbacks. Poignant et comme un poignard dans un coeur tout tendre.) ou encore celle de la poussière dans les rayons du soleil, comme un retour au temps qui passe.
L’histoire, je le redis, est incroyable. Elle amène plein de sujets sur la table, les passionnés d’Intelligence Artificielle vont être fous avec ce vrai faux film d’anticipation, les technophiles vont sortir de la salle et tout de suite essayer de draguer le Siri de leur iPhone, les plus philosophes vont pouvoir débattre toute la semaine sur « qu’est ce qui distingue l’homme de la machine ? », les sceptiques diront que c’est pas possible de ne jamais avoir un « low battery » quand on ne branche jamais son téléphone, … Bref, de quoi discuter pendant un moment, un bon OS à ronger quoi...

En tous cas c’est un film qui nous apprend à ne pas consommer la vie, mais à la VIVRE, de tout notre être, même si tu es une IA. (Et aussi, ça nous apprend que la moustache, c’est cool)

PS : A la fin, on pl’Her
4,5/5

Créée

le 1 avr. 2014

Critique lue 402 fois

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Pierre dRy

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