Sujet délicat puisqu'il fallait éviter à la fois le ridicule et de tomber dans le glauque total. Spike Jonze réussit ce tour de force en croyant évidemment dur comme fer à son histoire, sans recul ni cynisme, et en portant un regard plein de tendresse à son personnage.
On est très rapidement happé par le film grâce à l'ambiance zen et reposante d'une époque indéfinie où les outils de communication ultra moderne côtoient les codes vestimentaires des années 50-60. Le décalage est là aussi casse-gueule sur le papier et pourtant ça fonctionne.
Joaquin Phoenix est impressionnant, il porte clairement le film sur ses épaules et nous fait aimer ce personnage finalement assez déprimant. Et donc l'histoire d'amour impossible au centre du film ? Et bien c'est crédible. Crédible et touchant parce que le scénario montre d'abord le cheminement classique d'une rencontre amoureuse pour ensuite faire sauter à la gueules des deux amants le paradoxe dans lequel ils se sont engagés.
Evidemment c'est une IA, évidemment elle n'existe pas. Mais le réalisateur prend le parti de s'en foutre au départ et de la traiter comme une femme. Jusque dans les scènes les plus intimes on y croit et Her explore davantage de facettes des relations humaines avec son smartphone retro que la plupart des comédies romantiques faites de chair et d'os.
Un vrai bon film que je reverrai avec plaisir tant il est fin, doux et dérangeant à la fois. J'ose à peine imaginer la gueule du produit final si le scénario était passé entre les mains de réalisateurs moins intelligents.