Le présent de la Science-Fiction.
Dans un monde futuriste proche gouverné par les hipsters (ce qui est plausible d'une manière plutôt effrayante), un homme divorcé ne parvient plus à trouver l'amour, à défaut de retourner avec sa femme.
Jusque-là, rien de bien original. Seulement, le type est féru de nouvelles technologies et adore parler tout seul avec ses appareils, il en a même fait son gagne-pain. Du coup, lorsque "INSERER ICI LE NOM D'UNE ENTREPRISE" sort OS1, un système d'exploitation capable de réagir de manière intuitive, d'avoir une conscience propre et de ressentir des émotions (ou du moins, de les assimiler), il ne se sent pour ainsi dire plus et tombe dans le piège de la nouveauté tout comme moi lorsque j'avais 8 ans et que je posai mes mains sur un Gameboy Color.
La voix du système d'exploitation étant jouée par cette coquine de Scarlett Johansson, nous sommes nombreux du côté masculin à pardonner le moustachu d'en tomber amoureux. Mais admettons, le temps de cette critique, que je suis une femme : "c'est quoi cette relation minable ?".
Si on regarde la chose sous un certain aspect, cet homme et ce programme sont censés atteindre un amour platonique ultime, proche de la perfection, non-basé sur l'apparence , centré sur le sens de la discussion, nourri par le fantasme et l'imagination, bref, l'amour de l'âme, de la substance même de l'autre.
Hélas, les deux tourtereaux feraient mieux de faire une mise à jour, car malgré le boulot d'écrivain supposé talentueux de Monsieur et la capacité à lire 200 000 livres en une seconde de Madame, les dialogues ne volent pas haut : les répliques sont creuses, dénuées de passion, ennuyeuses et plates.
On s'emmerde donc, au vu de l'absence d'autres formes d'action que les discussions sous la couette et en rue de ce couple 3.0. L'humour est mauvais et niais, l'évolution de la relation est cousue de fil blanc et ne diffère pas d'un scénario de Plus Belle La Vie, et on regrette vraiment que l'IA ne soit pas machiavélique façon Odysée de l'Espace.
J'avais quand même mis un 7 (mais je vais redescendre à 6 après cette critique) pour l'esthétique proprette façon Apple (ça brille de partout) et surtout, pour la potentialité de ce futur évoqué ici, hélas sans profondeur et d'une façon trop positive à mon goût.
Car nous sommes déjà dans le monde dépeint dans Her, et cela, Spike Jonze l'a bien pigé. Si vous ne me croyez pas, demandez à Siri si c'est vrai.