Un peu plus tôt dans l’année 59, Ozu nous avait servi un délicieux Bonjour. Un film léger et sarcastique sur l’avènement de la télé, le commérage et les formules de politesse toutes faites. Tout cela dans une direction photo exceptionnelle utilisant le contre-plongée à volonté et en se préoccupant de manière minutieuse des lignes de décor. Un bijou. Il récidive visuellement avec les Herbes flottantes, mais l’action qui se déroule dans le cadre photographique n’a rien de trop ré-jouissant. Un maître kabuki narcissique installe sa troupe dans une ville portuaire uniquement pour retrouver une ancienne amante avec qui il a eu un fils ayant atteint l’âge adulte et pour qui il se fait passer pour un oncle. L’amante du moment découvre le pot aux roses et s’en suit une crise conjugo-familiale assez violente impliquant plusieurs taloches envers les femmes. Cet aspect machiste gâte passablement la sauce. Le personnage du maître kabuki est répugnant à souhait. : Égocentrique, brutal, lait comme un pou. On se demande comment une femme peut tomber en amour avec un tel être. La finale en rajoute quand l’amante bafouée cherche à regagner son estime. Pourquoi un tel scénario? Pour dénoncer l’abus de pouvoir de ces maîtres kabuki aux allures de gourou? Souhaitons-le. Pour le reste, le réalisateur est fidèle à l’univers visuel unique qu’il a su créer au fil de sa carrière alors que chaque plan est une œuvre en soi. L’action qui s’y déroule en vient presque qu’à être secondaire puisqu’on sort de ses films à chaque fois émerveillé.

Elg
7
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le 1 sept. 2021

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Elg

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